Migrants : ce que l'on sait du naufrage en Méditerranée qui a coûté la vie à une soixantaine de personnes
Les drames se suivent et se ressemblent en Méditerranée. Une soixantaine de migrants ont péri, dimanche 26 février, dans le naufrage de leur embarcation en Méditerranée près de la ville italienne de Crotone, en Calabre (sud du pays). La Commission européenne a évoqué "une tragédie" et appelé à "redoubler d'efforts" pour réformer le droit d'asile. Cet énième naufrage intervient quelques jours à peine après l'adoption par le Parlement italien de nouvelles règles controversées du gouvernement dominé par l'extrême droite sur le sauvetage des migrants. Voici ce que l'on sait de ce nouveau drame.
Les circonstances du naufrage
Selon les garde-côtes italiens, l'embarcation s'est brisée dimanche sur des rochers à quelques mètres de la côte alors que le temps était très mauvais.
Des images de la police italienne et de l'AFP montrent des débris de bois disséminés sur une centaine de mètres de la plage où se trouvaient de nombreux secouristes et des rescapés en attente de leur transfert vers un centre d'accueil.
Une soixantaine de victimes, "dont des enfants"
L'embarcation transportait environ 120 personnes d'après les garde-côtes italiens, tandis que les pompiers ont évoqué de leur côté "plus de 200 personnes" à bord. Lundi matin, un nouveau bilan, communiqué par la préfecture de Crotone, faisait état de 62 migrants morts et de dizaine de disparus. Selon le média italien Rai News, les corps de 14 enfants ont été retrouvés, dont un nouveau-né de quelques mois. Les survivants, 81 selon un dernier bilan, ont été accueillis dans un centre de demandeurs d'asile alors que d'autres ont été hospitalisés.
Le président de la République italien Sergio Mattarella a déploré le naufrage dans lequel "des dizaines de personnes, dont des enfants, ont perdu la vie".
"Un grand nombre de ces migrants venait d'Afghanistan et d'Iran, fuyant des conditions très difficiles", a ajouté le chef de l'Etat, exprimant le souhait d'"un fort engagement de la communauté internationale pour éliminer les causes des migrations : guerres, persécutions, terrorisme, pauvreté…"
La réaction des autorités italiennes
Faisant part de sa "profonde douleur", la cheffe du gouvernement d'extrême droite, Giorgia Meloni, a jugé dans un communiqué "criminel de mettre en mer une embarcation de 20 mètres à peine avec 200 personnes à bord et une mauvaise prévision météo". "Le gouvernement est décidé à empêcher les départs et avec eux ce genre de tragédie, et continuera à le faire, exigeant avant tout la plus grande collaboration des Etats de départ et d'origine", a ajouté Giorgia Meloni.
Dirigeante du parti d'extrême droite Fratelli d'Italia, cette dernière avait pris la tête d'un exécutif de coalition en octobre après avoir promis de réduire le nombre de migrants arrivant en Italie. Une nouvelle loi oblige ainsi les navires humanitaires à effectuer un seul sauvetage à la fois, ce qui, selon les critiques, augmente le risque de décès en Méditerranée centrale dont la traversée est considérée comme la plus périlleuse au monde pour les migrants.
La réaction des autorités européennes
La cheffe de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a elle appelé à avancer sur la réforme du droit d'asile dans l'Union européenne, après cette "tragédie". Elle a affirmé qu'il fallait "redoubler d'efforts concernant le Pacte sur les migrations et le droit d'asile, et sur le Plan d'action pour la Méditerranée centrale".
La partie la plus délicate de ce Pacte, qui doit être conclu avant la fin de la mandature du Parlement européen en 2024, concerne un meilleur partage des responsabilités dans l'accueil des demandeurs d'asile entre pays de l'UE, une question qui les divise depuis la crise des réfugiés en 2015-2016.
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