Migrants : trois questions sur les quotas de réfugiés
La France et l'Allemagne proposent de mettre en place des quotas pour mieux répartir les demandeurs d'asile entre les différents pays européens.
L'émotion provoquée par la photo du petit Aylan, un enfant syrien échoué mercredi 2 septembre sur les côtes turques, a déjà fait bouger le débat politique sur la question des réfugiés. Jeudi, Paris et Berlin ont fait parvenir à Bruxelles des propositions communes pour mieux répartir l'accueil des demandeurs d'asile. Une façon de remettre sur la table la question des quotas d'arrivants, proposés en mai par la Commission européenne. Explications en trois questions sur cette proposition qui gagne du terrain, mais est loin de faire l'unanimité.
En quoi consisteraient des quotas de réfugiés ?
L'initiative de l'Allemagne et de la France vise à "organiser l'accueil des réfugiés et une répartition équitable en Europe" des réfugiés. Jeudi, Angela Merkel a parlé de "quotas contraignants", quand François Hollande s'est contenté d'évoquer un "mécanisme permanent et obligatoire" de répartition.
En mai, un plan de la Commission européenne proposait déjà la mise en place de quotas à appliquer en cas "d'afflux massif" de réfugiés. Ils se baseraient sur des critères statistiques : la population des pays, leur PIB, leur taux de chômage et le nombre de réfugiés qu'ils ont accueilli depuis 2010. Plus vague, Angela Merkel est néanmoins allée dans ce sens, jeudi, en parlant de répartition selon "la puissance économique" ou la "taille" des pays. Dans leur lettre à Bruxelles, les deux dirigeants demandent aussi la mise en place d'une liste de pays d'origine "sûrs", commune à tous les pays de l'Union européenne.
En parallèle de cet hypothétique système de quotas, qui serait permanent, l'Union européenne s'est déjà engagée, en juin, à répartir 40 000 Syriens et Erythréens, sur deux ans, entre différents pays membres, en se basant sur ces mêmes critères mais selon le principe du volontariat. D'après une source de l'AFP, Jean-Claude Juncker va demander de répartir en urgence 120 000 réfugiés supplémentaires entre les Etats membres.
Quelle est la position des pays européens ?
La Commission européenne est favorable aux quotas : elle proposait déjà ce principe en mai dernier, mais un sommet européen en juin n'avait accouché que d'un compromis sur la répartition de 40 000 migrants sur la base du volontariat.
A l'époque, la France s'était déclaré opposée au principe des quotas. Elle le soutient aujourd'hui, aux côtés de l'Allemagne, qui appelle aussi à mettre fin au système de Dublin, en vigueur dans l'Union européenne, qui prévoit que les demandes d'asile des migrants soient examinées dans leur pays d'arrivée. Un de ces pays, l'Italie, est la première partisane de la mise en place de quotas.
Mais l'idée est loin de faire l'unanimité. David Cameron, notamment, s'est déclaré ouvert à accueillir "plus de réfugiés", mais refuse de s'engager sur un objectif chiffré. Le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, s'est lui inquiété d'une "division entre l'est et l'ouest de l'Union européenne", citant le cas de la Hongrie. Son Premier ministre, Viktor Orban, s'est dit prêt à examiner la proposition européenne, mais estime que "nous avons le droit de décider de ne pas avoir un grand nombre de musulmans dans notre pays". Vendredi, alors que les ministres européens des Affaires étrangères se retrouvent à Luxembourg autour de ce dossier, quatre pays de l'Est réticents (Hongrie, Pologne, Slovaquie et République tchèque), se réuniront de leur côté à Prague.
Qui accueille aujourd'hui les réfugiés ?
Si les migrants arrivent principalement par l'Italie et la Grèce, c'est l'Allemagne qui a reçu le plus grand nombre de premières demandes d'asile sur les six premiers mois en 2015, selon les chiffres d'Eurostat : près de 155 000, contre 29 450 en France, un peu plus de 30 000 en Italie, et 65 000 en Hongrie.
Face au système de Dublin actuellement en vigueur au sein de l'Europe, l'Allemagne oppose depuis fin août une nouvelle règle : elle a cessé de renvoyer les demandeurs d'asile dans leur pays d'arrivée. "Nous ne pouvons pas laisser l'Italie et la Grèce seules face à cette tâche", estime Angela Merkel.
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