Naufrage d'un bateau de migrants : ce que l'on sait du drame qui a fait huit morts au large d'Ambleteuse

Huit migrants sont morts dans le naufrage de leur embarcation clandestine dans la nuit de samedi à dimanche au large du Pas-de-Calais. Les tentatives ont été nombreuses dimanche. 83 autres personnes ont pu être secourues.
Article rédigé par franceinfo
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Une embarcation de migrants endommagée après la mort de huit personnes dans un naufrage près de la plage d'Ambleteuse (Pas-de-Calais), le 15 septembre 2024. (BERNARD BARRON / AFP)

"Un bilan terrible." Le préfet du Pas-de-Calais, Jacques Billant, a donné une conférence de presse dimanche 15 septembre après la mort de huit migrants dans la nuit de samedi à dimanche, dans une tentative de traversée de la Manche, au large d'Ambleteuse (Pas-de-Calais). Ce drame survient après le pire naufrage de l'année dans cette région, qui avait fait douze morts le 3 septembre. Franceinfo vous résume ce que l'on sait de ce nouveau naufrage dans la Manche.

Une embarcation surchargée et peu de gilets de sauvetages

L'embarcation est partie du secteur de La Slack, fleuve côtier dont l'embouchure est située entre Wimereux et Ambleteuse dans le Pas-de-Calais. "Rapidement en difficulté", le bateau est "venu s'échouer" sur une pointe rocheuse et "s'est manifestement déchiré sur les rochers", a expliqué le préfet précisant que le naufrage s'est produit "peu avant minuit".

Toujours selon le préfet, 59 personnes se trouvaient à bord de cette embarcation et "seule une personne sur six avait un gilet de sauvetage". En tout, "20 gendarmes, une cinquantaine de pompiers, un drone et 20 engins" ont été engagés pour les opérations de secours qui se sont déroulées "dans des conditions très complexes, de nuit", assure le préfet.

Les victimes sont des "hommes manifestement majeurs"

Les huit victimes de ce naufrage sont des "hommes manifestement majeurs", a déclaré le préfet. Six rescapés ont été hospitalisés en urgence relative. Parmi eux, il y a un nourrisson de dix mois en hypothermie. Les autres naufragés sont pris en charge par la mairie d'Ambleteuse. Ils sont "originaires d'Erythrée, du Soudan, de Syrie, d'Afghanistan, d'Egypte et d'Iran".

À la faveur d'une fenêtre météo favorable, de nombreuses tentatives de traversée ont eu lieu ces derniers jours. Deux cents personnes ont été d'ailleurs secourues en mer samedi dans le secteur du Pas-de-Calais. Ce drame est survenu moins de deux semaines après le pire naufrage de l'année dans cette région, qui avait fait douze morts, le 3 septembre. Au total depuis le début de l'année "46 migrants sont décédés", rappelle le préfet.

Une enquête ouverte

Le parquet de Boulogne-sur-Mer a ouvert une enquête, confiée à la section de recherches de la gendarmerie maritime et à l'Office de lutte contre le trafic de migrants (OLTIM). Le préfet du Pas-de-Calais indique que depuis le début de l'année, 238 passeurs ont été interpellés en flagrance, dont dix entre les 12 et 15 septembre.

Les tentatives de traversée de la Manche dans des embarcations de fortune se sont développées en réponse au verrouillage croissant du tunnel sous la Manche et du port de Calais pour enrayer les intrusions de migrants. Selon les autorités britanniques, plus de 22 000 migrants sont arrivés en Angleterre après avoir traversé la Manche en bateau depuis le début de l'année. "C'est horrible. C'est une nouvelle perte de vie", a réagi David Lammy, chef de la diplomatie britannique, auprès de la BBC.

Quelques heures après la mort des huit migrants sur la plage d'Ambleteuse, 83 autres ont été secourus au large du Nord et du Pas-de-Calais, ont annoncé dimanche soir la préfecture maritime de la Manche et de la Mer du Nord. "Ce dimanche 15 septembre 2024, plusieurs traversées d'embarcations de migrants ont eu lieu entre les côtes françaises du Pas-de-Calais (62) et du Nord (59)". "66 personnes ont été récupérées (...) par la Marine nationale au large du Portel" et "17 personnes ont été récupérées au large de Dunkerque". Par ailleurs, "38 autres passagers ont refusé toute assistance par les moyens français et ont poursuivi leur navigation avant d'être finalement récupérés par les moyens britanniques", termine la préfecture.

Les associations dénoncent l'inaction de l'Etat

"Ces passeurs sont des crapules, mais nos États sont des crapules", a taclé sur franceinfo Yann Manzi, cofondateur de l’association Utopia56. À l'approche de l'automne, la météo se dégradant et les températures baissant, les tentatives s'accélèrent et les traversées deviennent de plus en plus dangereuses. "Les gens continueront à mourir et continueront à mourir tant qu'on n'aura pas des routes sûres vers l'Angleterre", explique Yann Manzi.

"Les États français et britannique doivent repenser leur politique migratoire immédiatement", a réclamé sur X l'Auberge des migrants, autre association d'aide aux exilés, qualifiant la Manche de "frontière meurtrière".

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