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Navire anti-migrants en Méditerranée : "Le plus délirant, c'est que ces gens agissent en toute impunité"

Des militants d’extrême droite naviguent sur la mer Méditerranée pour repousser les bateaux de migrants vers l'Afrique.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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Un bateau de migrants en Méditerranée au large des côtes grecques de Lesbos. Image d'illustration. (ARIS MESSINIS / AFP)

Des militants d’extrême droite, membres de Génération identitaire, ont loué le navire C-Star qui sillonne la Méditerranée pour empêcher les migrants d’accoster en Europe en les repoussant vers l’Afrique. Ils voguent en ce moment vers la Tunisie alors que des pêcheurs tunisiens ont prévu de leur faire barrage.

François Gemenne, chercheur en science politique à l'université de Liège (CEDEM) et à l'université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (CEARC), spécialiste des flux migratoires, s'étonne, lundi sur franceinfo, de "l’inaction face à ces agissements" des patrouilles de l’Otan ou de Frontex.

franceinfo : que vous inspire ce navire anti-migrants qui sillonne la Méditerranée ?

François Gemenne : Ça paraît délirant. On pensait avoir déjà tout vu dans cette crise mais il semble que l’on va encore plus loin dans l’horreur. Ce qui me paraît aussi délirant, c’est que ces gens semblent agir en toute impunité. Nous avons d’un côté les gouvernements européens qui réclament un code de bonne conduite aux ONG alors qu’ils sont là pour sauver les migrants et de l’autre côté nous avons ces identitaires qui condamnent ces migrants à une mort certaine, en empêchant leur sauvetage et qui agissent en toute impunité.

Génération identitaire a affirmé vouloir repousser les bateaux de migrants dans les eaux internationales, est-ce légal ?

C’est tout à fait illégal, de surcroît, ils n’ont aucune autorité. Les identitaires qui agissent dans la Méditerranée n’ont absolument aucun mandat. C’est une sorte de milice privée qui est dans l’illégalité la plus complète si elle tente de s’interposer avec d’autres bateaux. Pour stopper ces identitaires, les gouvernements pourraient demander aux patrouilles de Frontex ou de l’OTAN, qui sont censées surveiller la frontière extérieure de la Méditerranée, de les arrêter. Je m’étonne de voir leur inaction face à ces agissements.

Claude Goasguen a déclaré lundi sur franceinfo qu’il fallait des "hot spots" en Europe, est-ce que ce principe est efficace ?

Des "hot spots" existent déjà en Grèce et en Italie. Aujourd’hui, ils sont d’une efficacité relativement limitée et il n'y a guère de solidarité européenne. Il n'y a pas de politique européenne, chaque pays fait ce qu’il veut. Si on met des "hot spots", il faut une coopération européenne. Cela fait au moins 25 ans qu’on applique la même recette de la fermeture extérieure des frontières et cela fait 25 ans que cela ne fonctionne pas. L’expression de "trier les migrants" est choquante, on parle de migrants comme s’il s’agissait de déchets, c’est dérangeant. On ne peut pas avoir une politique d’asile sans politique d’immigration.

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