Recensement des étrangers dans les centres d'hébergement : les associations dénoncent une "politique brutale"
Une consultation autour du futur projet de loi sur l'immigration aura lieu le 11 janvier, a annoncé Edouard Philippe jeudi après avoir reçu une trentaine d'associations d'aide aux migrants. Inquiètes, certaines envisagent de boycotter la réunion.
Une consultation autour du futur projet de loi sur l'immigration aura lieu en janvier. Edouard Philippe l'a annoncé jeudi 21 décembre, après avoir reçu une trentaine d'associations d'aide aux migrants. Cette consultation commencera avec une réunion le 11 janvier à laquelle maires, associations et parlementaires sont invités. Elle a pour but de mettre en place un groupe de suivi de la circulaire controversée du 12 décembre sur le recensement des étrangers en centres d'hébergements d'urgence.
Les associations demandent toujours le retrait de cette circulaire et leur participation à la réunion est incertaine. Selon Bernard Thibaud, Secrétaire général du Secours catholique, l'objectif du gouvernement est de faire du chiffre, trier les migrants pour augmenter les expulsions. "Seuls les demandeurs d’asile et les réfugiés peuvent être hébergés et soutenus. C’est une analyse extrêmement simpliste. La réponse ne peut pas être l’expulsion de centaines de milliers de personnes", s'indigne-t-il.
Appel à "une résistance passive"
Les centres d'hébergement sont des lieux où les migrants doivent se sentir en confiance et en sécurité. Or, cet équilibre est menacé, ajoute Florent Guéguen, directeur de la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (FNARS), qui représente 80% de l'hébergement social en France. "Vous avez des personnes qui peuvent fuir les centres d’hébergement, considérant qu’elles ont un risque d’être piégées", explique-t-il.
L’Etat crée avec cette circulaire un risque de reconstitution de campements indignes à Paris, dans les grandes villes, mais aussi à Calais, dans les Hauts-de-France. C’est vraiment une politique inefficace.
Florent Guéguen (FNARS)franceinfo
Florent Guéguen appelle ses adhérents à une résistance passive. "On ne va pas s’opposer physiquement à l’entrée de ses équipes mobiles dans les centres, mais il n’y aura aucune transmission d’informations et de fichiers individuels, pas d’entrée dans les chambres pour contraindre les personnes à répondre à un contrôle si elles ne le souhaitent pas", indique le directeur de la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale. "Donc, nous resterons sur des missions de non-collaboration à cette politique brutale", annonce-t-il. L'association Médecins Sans Frontières a d'ores et déjà annoncé qu'elle n'ira pas à la consultation du 11 janvier à Matignon.
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