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Mortalité infantile, guerre, grippe : un homme sur deux ne verra pas 1940

Ils sont nés en 1894. Vingt-cinq ans plus tard, moins d'un homme sur deux est encore en vie. Retour sur une génération perdue.
Article rédigé par Frédérique Harrus
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Ordre de mobilisation en 1914. (STR / HISTORIAL DE PÉRONNE / AFP)

A la fin du 19e siècle, la mortalité infantile est encore dramatique. Près de 30% des enfants ne vont pas au-delà de l'âge de cinq ans. Les maladies infectieuses font des ravages. La prophylaxie en est à ses balbutiements. La pédiatrie n'existe pas encore. Les enfants ne sont pas considérés comme des êtres en développement nécessitant une médecine spécifique, mais comme des mini-adultes.

Ceux nés en 1894 ne dérogent pas à la règle: 15 à 20 ans plus tard, 28% des garçons (et 26% des filles) n'ont pas survécu.

Une classe d'âge appelée sous les drapeaux
La France demande à ses jeunes hommes une conscription de trois ans. Quand la guerre éclate en 1914, que la mobilisation a lieu, ce sont les jeunes gens de 20 ans qui sont appelés sous les drapeaux. Mais ils n'ont pas eu le temps de faire leur service militaire. Ce sont des jeunes à peine formés, et moins aguerris que ceux des classes précédentes, qui sont envoyés au front. De plus, ils seront mobilisés toute la durée de la guerre, à la différence de leurs camarades des classes suivantes qui, eux, seront mieux formés et connaîtront (mathématiquement) une durée du conflit moindre.

Au terme des quatre ans de guerre, 22% des incorporés de la classe 14 sont décédés. Ils s'ajoutent aux 28% déjà morts dans l'enfance.

Ainsi, en 1918, 52% des garçons nés en France en 1894 ont disparu. Un homme sur deux. Ceux qui restent sont amoindris, fatigués, usés, prêts à être fauchés par... la grippe espagnole.

Une partie des survivants emportés par la grippe espagnole

Policiers de Seattle pendant l'épidémie. (DR)

Cette grippe aviaire, H1N1, est d'une rare virulence et de très très haute contagiosité. La mortalité monte à 20% avec la maladie. 70% de la population de Madrid est atteinte en trois jours, d'où son nom. Même le roi d'Espagne Alphonse XIII tombe malade.

En un temps record, elle se transforme en pandémie et touche le monde entier faisant, selon les avis et les comptages, de 30 à 100 millions de morts.

Après cet enchaînement morbide, qui décimera la génération née en 1894-1895, beaucoup de femmes ne pourront se marier. Enormément d'enfants ne naîtront pas.
Au point qu'en 1939, la France aura la population la plus âgée du monde.
 

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