Naufrage en Italie : en pointant la responsabilité des migrants eux-mêmes, le gouvernement suscite un tollé dans l'opposition
Les opérations de secours se poursuivent ce mardi 28 février au large de Crotone, en Calabre, dans le sud de l'Italie, là où s’est échoué dimanche matin un bateau de migrants. Partie de Turquie avec à bord entre 150 et 200 personnes, l’embarcation a fait naufrage au large. Si 82 personnes ont pu être secourues, au moins 62 ont perdu la vie, dont des jeunes enfants, quand d'autres sont toujours portées disparues.
Si, sur place, l'émotion est vive, à Rome, le gouvernement affiche sa fermeté compacte autour de la Première ministre Giorgia Meloni. L'exécutif répète que l'essentiel est la lutte contre le trafic d'êtres humains.
Ainsi, l'arrestation des passeurs est un problème international, assure le ministre de l'Intérieur Matteo Piantedosi qui pointe aussi la responsabilité des migrants eux-mêmes et notamment des parents. "Le désespoir ne doit jamais justifier les conditions de voyage qui mettent en danger la vie de ses propres enfants", plaide-t-il.
Des paroles prononcées quelques heures à peine après la terrible tragédie et jugées d'une rare inhumanité par le mouvement 5 Étoiles. L'opposition réclame des explications du ministre devant le parlement italien.
"La majorité a parlé de mini-croisière"
Simona Malpezzi, la présidente du groupe démocrate au Sénat, dénonce un débat absurde sur la question migratoire : "Dans la discussion sur le décret contre les ONG, la majorité a parlé de mini-croisière, de migrants qui viennent en vacances, qui cherchent à se faire un petit voyage en mer comme ça, comme s'il s'agissait d'un voyage pour s'amuser. La question migratoire devrait rester en dehors du débat idéologique !", a-t-elle dénoncé.
Les organisations humanitaires, elles, s'interrogent encore : comment est-il possible qu'un navire ait fait naufrage à seulement 150 mètres des côtes italiennes ? Les habitants de Crotone, eux, ne veulent pas devenir une nouvelle Lampedusa, cette île située à une centaine de kilomètres à l'est des côtes tunisiennes, devenue l'une des premières portes d'entrée en Europe pour les migrants arrivant d'Afrique du Nord. Lundi, plusieurs magasins de la ville ont baissé leur rideau en hommage aux victimes de ce naufrage, alors que le président de la Calabre a déclaré ce mardi 28 février, jour de deuil dans la région.
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