Réclamée par Sarkozy, la réforme de l'espace Schengen est déjà lancée
Cette révision est engagée depuis 2011, à la demande de plusieurs pays, notamment la France. Elle vise à renforcer les contrôles aux frontières en cas d'immigration massive.
Le candidat Nicolas Sarkozy a menacé dimanche 11 mars de sortir la France de l'espace Schengen s'il n'obtenait pas une réforme de fond. Réforme qui est en réalité déjà en cours à Bruxelles et vise à renforcer les contrôles en cas d'immigration massive. "Ce dont parle M. Sarkozy est en fait ce que nous négocions depuis plusieurs mois", confirme un diplomate européen.
Cette réforme est en effet menée sans bruit au niveau européen, après avoir été engagée à la demande de plusieurs pays, notamment la France, l'Italie et l'Allemagne, au printemps 2011, en raison de l'afflux de clandestins à l'occasion du Printemps arabe, en particulier des Tunisiens qui arrivaient en France via l'Italie.
Que prévoit cette réforme ?
La principale mesure à l'étude prévoit qu'à l'avenir, et en dernier recours, les pays de l'espace Schengen pourront rétablir temporairement leurs contrôles aux frontières d'un autre Etat membre en cas d'afflux d'immigrés clandestins massif et incontrôlé. Et si le pays en question ne parvient pas à faire face.
A l'heure actuelle, les Etats peuvent le faire de leur propre chef en cas de menaces terroristes ou de grands événements comme un sommet de chefs d'Etat ou une compétition sportive. La nouvelle clause de rétablissement envisagée serait temporaire, pour une période de six mois renouvelable, selon les dernières discussions.
Pour éviter le recours à une telle extrémité, des "mécanismes d'alerte" sont prévus et des procédures d'aides sont envisagées pour aider le pays européen ne pouvant contrôler sa frontière, avant que le rétablissement des contrôles soit décidé.
Quels pays pourraient l'appliquer ?
La révision en cours comprend deux propositions législatives. Elles touchent cet immense espace européen sans frontières, qui comprend 22 pays de l'Union européenne, plus quatre pays associés, dont la Suisse. Le Royaume-Uni, l'Irlande, la Bulgarie, la Roumanie et Chypre ne devraient pas être concernés.
La réforme de l'espace Schengen vise aussi à rassurer les pays qui, à l'instar des Pays-Bas ou de l'Autriche, rechignent à y laisser entrer la Roumanie et la Bulgarie qu'ils jugent insuffisamment préparés.
Pourquoi cette mesure ?
Le cas le plus sensible actuellement est celui de la Grèce, critiquée par ses pairs pour son incapacité à contrôler sa frontière terrestre avec la Turquie, point d'entrée quotidien de quelque 200 clandestins qui tentent ensuite de gagner d'autres pays de l'Union européenne (UE).
L'UE tente en particulier de convaincre la Turquie de signer un accord de réadmission des clandestins, mais Ankara réclame en contrepartie des facilités de visas pour ses ressortissants.
Les propos de Nicolas Sarkozy "sont un message de mise en garde adressé surtout à la Grèce, à la Bulgarie et la Roumanie" pour que ces pays agissent avec plus de détermination, a estimé un diplomate européen.
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