Royaume-Uni : ce que l'on sait de la prochaine Premier ministre Theresa May
Ce mercredi, Theresa May succédera à David Cameron comme Premier ministre du Royaume-Uni. En s'installant au 10 Downing street, elle deviendra la seconde femme à occuper ce poste après Margaret Thatcher (4 mai 1979 – 28 novembre 1990). Décrite comme une nouvelle "Dame de fer", elle connaît bien les arcanes du pouvoir. C'est elle qui devra conduire les négociations du Brexit avec l'Union Européenne (UE). Que sait-on de la prochaine chef de gouvernement britannique?
► Une femme à la personnalité plutôt effacée mais dotée d'un vrai "sens moral du devoir"
Theresa May, fille de pasteurs anglicans et sexagénaire sans enfants, se distingue par sa droiture et son style direct plus que par son charisme. A ceux qui la jugent froide et sans relief, elle répond : "Je ne suis pas une politicienne qui fait le spectacle, je ne fais pas la tournée des studios télé, je ne raconte pas des ragots autour d'un déjeuner, je ne bois pas des verres au bar du Parlement, je ne me livre pas facilement. " Pour le quotidien anglais le Guardian, sa vraie faiblesse serait d'être "dépourvue de vision politique d'envergure ", mais dans les temps troublés actuels, le journal admet que "son sang-froid et son sens moral du devoir sont peut être ce dont le pays a besoin ."
► Elle a une grande expérience politique et un pouvoir rassembleur au sein du parti conservateur
A 59 ans, Theresa May a une véritable expérience politique : elle est ministre de l'Intérieur depuis six ans et députée depuis 20 ans. "Elle a une grande expérience du fonctionnement de la Chambre des communes, du Parlement et des plus hautes fonctions de l'Etat " selon Sophie Lossouarn, spécialiste du monde politique anglo-saxon et maître de conférences à l'université de la Sorbonne Nouvelle.
En plus d'une longue expérience en politique, Theresa May est "la plus à même de pouvoir réunifier le parti conservateur et de réunifier le Royaume-Uni depuis le cataclysme du 23 juin " assure-t-elle. Eurosceptique qui s'est convertie au maintien dans l'UE au cours de la campagne sur le Brexit, Theresa May est soutenu par des membres du parti qui étaient en faveur du "remain " et de ceux qui étaient contre.
Preuve de la confiance qu'elle inspire au Royaume-Uni, du moins dans les milieux financiers : la confirmation de son investiture en tant que Premier ministre suite au retrait de sa concurrente Andrea Leadsom a provoqué une hausse de la livre et de la bourse. "C'est bon signe , affirme Sophie Lossouarn. Elle assurera à la fois la stabilité et la continuité avec David Cameron."
► En guerre contre la délinquance, elle entend aussi réduire la fracture sociale en Grande-Bretagne.
La femme politique se définit comme une conservatrice "one-nation " - une forme de conservatisme qui prône le paternalisme entre les "hautes classes" et les classes sociales défavorisées, et donc l'entraide - et une libérale-conservatrice - une idéologie qui défend le respect des valeurs établies, de l'autorité, de la sécurité, de l'identité nationale, de la liberté individuelle et qui soutient des idées libérales sur le plan économique.
En tant que ministre de l'Intérieur, elle a adopté des politiques restrictives en matière de drogues et d'immigration. "On connait sa lutte contre les délinquants et sa fermeté , décrit Sophie Lossouarn. Aujourd'hui, elle va créer une politique progressiste, c'est à dire investir dans l'éducation. Elle incarne une image moralisatrice du parti conservateur." Pour beaucoup d'observateurs, le fait qu'elle soit restée six ans à ce poste jugé difficile est une preuve de sa compétence. Depuis son arrivée le taux de criminalité au Royaume-Uni a baissé et sa position sur l'immigration est jugée ferme.
La lutte contre les inégalités est aussi un cheval de bataille de Theresa May. "Je pense qu'elle aura à coeur de réduire la fracture sociale au Royaume-Uni qui s'est manifestée le 23 juin par cette opposition entre les villes et les campagnes, entre l'élite et les gouvernés et entre les générations " analyse Sophie Loussouarn. Elle a d'ailleurs déclaré ce lundi dans sa première prise de parole après la confirmation de sa prochaine investiture que la Grande-Bretagne "a besoin d'une nouvelle vision positive et forte pour l'avenir [du] pays. Une vision d'un pays qui ne fonctionne pas seulement pour quelques privilégiés mais qui fonctionne pour nous tous. "
► Une nouvelle dirigeante déterminée à entamer les négociations pour le Brexit
Dans cette même prise de parole, Theresa May a assuré que le Royaume-Uni avait "besoin d'un leadership fort ". Et c'est avec une position assez ferme que May entend conduire le Brexit à son terme. "Brexit signifie Brexit, et nous en feront un succès " a-t-elle clamé. Elle veut que le Royaume-Uni "négocie le meilleur accord " de sortie de l’UE et qu’il se construise "un nouveau rôle dans le monde ." Elle est d'ailleurs, selon Sophie Loussouarn, "la candidate la mieux à même de renégocier les relations avec l'Europe" . Cependant, la spécialiste assure que la prochaine Premier ministre "ne va pas se précipiter pour invoquer l'article 50 du traité de Lisbonne qui lancerait la procédure. Elle a même parlé d'attendre l'an prochain. "
La priorité pour Theresa May est de "lancer un débat sur les attentes des Britanniques, du monde des affaires, du Parti conservateur, et un grand débat sur l'immigration, qui est vraiment la cause de ce vote du 23 juin. Il s'agit de voir si le Royaume-Uni sera membre du marché unique européen, ce qui suppose la libre circulation des personnes" comme l'explique Sophie Loussouarn.
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