Une «nouvelle Belgique» émerge de la crise
Affichant son éternel nœud papillon rouge, Elio Di Rupo s’est rendu au Forum mondial de Davos en ce mois de janvier 2014 pour «convaincre des atouts de notre pays». Le Premier ministre belge a des arguments à faire valoir. Son pays a plutôt bien traversé la crise économique et a, pour l'instant, surmonté l'instabilité politique des années 2010-2011.
Son gouvernement a multiplié les réformes sans toucher à certaines bases de la société belge. En ce début de 2014, il parle même de «nouvelle Belgique» en lançant une réforme sur le fédéralisme. «Nous avons promis des réformes de grande ampleur. Nous les avons réalisées», a souligné le Premier ministre, répétant les leitmotivs de son gouvernement, à commencer par la stabilisation du pays et sa crédibilité retrouvée après la crise qu'il a traversée.
Par rapport à il y a deux ans, la Belgique est un pays différent, estime le Premier ministre: «Il est temps actuellement de faire de nouveaux investissements.»
Des prévisions optimistes
«Derrière l'Allemagne, la Belgique enregistre la meilleure croissance de son produit intérieur en Europe sur la période 2007-2013 (+2,1 %) et l'écart entre les obligations allemandes et belges a été ramené de 3,5 points en novembre 2011 à un peu plus de 0,5 point aujourd'hui», notait Le Monde.
Après avoir quasiment stagné en 2013 (+ 0,2 %), l’économie belge devrait croître de 1,4 % en 2014. Conséquence: «l'emploi devrait recommencer à augmenter, mais trop faiblement pour stopper la hausse du chômage», note l'IRES (Institut de recherches économiques et sociales). «La reprise économique mondiale se poursuit et les indicateurs récents suggèrent qu'elle continuera à se renforcer en 2014. Nous prévoyons dès lors que le commerce international et la demande étrangère soutiendront l'activité économique en Belgique. Et si les conditions de la demande intérieure demeurent encore fragiles, elles devraient progressivement s'améliorer et une dynamique de croissance plus autonome devrait graduellement se mettre en place», conclut l'IRES selon qui 2014 sera l'«année de consolidation de la reprise».
Stabilité politique durable ?
La Belgique a connu une crise politique majeure. C’était en 2010 et 2011. Une crise qui a duré quelque 540 jours. Aujourd’hui, le Premier ministre belge, le socialiste Elio Di Rupo, gouverne le pays avec la droite et les centristes, wallons et flamands.
«Partout où j'allais, on me demandait si la Belgique allait éclater. Désormais, nous sommes une curiosité macroéconomique», sourit ce Premier ministre satisfait, raconte Le Monde qui l’a interviewé en janvier 2014.
Di Rupo conserve une bonne cote de popularité en Belgique. Mais plutôt côté wallon. Comme quoi la division de la Belgique reste toujours une question réelle, malgré la durée de vie du gouvernement. Les menaces existent toujours sur l'unité belge. Le parti nationaliste flamand, NVA, qui ne fait pas partie de la coalition, est toujours puissant. Et il prône toujours, pour le moins, une large autonomie de la Flandre.
Pour autant, certains restent optimistes sur l'avenir du pays. «On parle toujours de la "fragilité de la Belgique" mais quand elle a été créée en 1830, l'Allemagne, l'Italie ou la Pologne n'existaient pas. L'unité du pays a encore de beaux restes, et la monarchie s'est enracinée. De France, on voit trop la Belgique comme un état fragile et artificiel, mais il y a en Belgique un vrai sentiment national, surtout au sud du pays. On voit dans les rue du Bruxelles de nombreux drapeaux belges, en tout cas beaucoup plus que de drapeaux français un 14 juillet à Paris», notait avec optimisme le député belge Alain Destexhe sur Atantico. Face à la coalition au pouvoir, le parti nationaliste flamand est toujours une menace.
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