"Vatileaks" : un informaticien condamné à la prison avec sursis
Il est accusé de complicité avec le majordome du pape, Paolo Gabriele, dans le spectaculaire vol de documents confidentiels "Vatileaks".
EUROPE - Le tribunal du Vatican a condamné samedi 10 novembre à deux mois de prison avec sursis l'informaticien du Vatican, Claudio Sciarpelletti, accusé de complicité avec le majordome du pape, Paolo Gabriele, dans le spectaculaire vol de documents confidentiels "Vatileaks". La défense a annoncé qu'elle interjetait appel. La peine est suspendue pour une durée de cinq ans.
Informaticien au Vatican depuis 20 ans, Claudio Sciarpelletti, 48 ans, citoyen italien, répondait de complicité avec le majordome. Le parquet avait requis quatre mois de prison, ramené à deux mois en raison de circonstances atténuantes dues à son comportement de collaboration avec la justice et à son absence de précédents pénaux. La défense avait demandé l'acquittement. Des enquêtes longues et complexes se poursuivent cependant au Vatican sur d'autres volets d'un scandale obscur qui a ébranlé le plus petit Etat du monde.
Stupeur de l'avocat
Que Sciarpelletti ait été reconnu coupable de complicité a saisi de stupeur l'avocat Gianluca Benedetti, mais aussi le supérieur de l'informaticien, Mgr Carlo Maria Polvani, responsable de l'office d'information de la secrétairerie d'Etat, et qui avait auparavant longuement témoigné devant la Cour. L'avocat a exprimé la crainte que la condamnation ait des conséquences en matière d'emploi pour le condamné, marié et père de famille. Sciarpelletti s'est rapproché aussitôt de sa femme qui était dans la salle, et ils sont sortis ensemble sans un mot.
Durant le procès, l'informaticien a expliqué avoir été dans un état de confusion après son interpellation, ce qui l'avait amené à se contredire plusieurs fois en mai sur une enveloppe qu'il avait eue en main et qu'il n'avait jamais lue, ces affaires "ne l'intéressant pas". Gabriele avait été condamné début octobre à 18 mois de prison dans le premier procès "Vatileaks". Il purge désormais sa peine dans une cellule de la Gendarmerie du Vatican, dans l'attente d'une possible grâce de Benoît XVI.
Quelles preuves contre l'informaticien ?
L'enveloppe contenant certains documents analogues à ceux de "Vatileaks" avait été retrouvée en mai dans un tiroir du bureau de Sciarpelletti, qui avait été interpellé brièvement. Ces documents n'étaient pas confidentiels.Sciarpelletti, s'il a confirmé qu'il avait bien reçu cette enveloppe il y a environ deux ans, a affirmé ne pas l'avoir ouverte. Gabriele a témoigné au procès, admettant avoir remis des documents à l'informaticien, qui n'étaient pas des documents sensibles provenant du bureau du pape, mais "ne pas se rappeler" s'il lui avait remis l'enveloppe qui les contenait.Il a déclaré que ce n'était pas lui qui avait apposé le timbre de la Secrétairerie d'Etat qui se trouvait au verso de l'enveloppe.
Par surprise, le procureur Nicola Picardi a cité durant l'audience un nom, celui de Mgr Piero Pennacchini, qui correspond à "X", que Sciarpelletti avait cité aux enquêteurs comme la personne du Vatican lui ayant remis une seconde enveloppe.Devant la protestation de l'avocat Benedetti, le procureur a précisé qu'il n'y avait pas d'enquête ouverte contre cet ancien directeur adjoint de la salle de presse du Vatican.Selon le porte-parole du Vatican, Federico Lombardi, cette enveloppe faisait partie de la correspondance "normale" entre services, et n'avait pas d'importance dans l'enquête "Vatileaks".
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