William Roguelon, itinéraire d'un jeune photographe en Syrie
Une école de cinéma en tant que technicien, quelque jobs dans le milieu, et puis l'envie de faire de la photo et de partir à la rencontre des gens. Deux solutions : faire une école ou aller directement sur le terrain. William Roguelon choisit la deuxième option et part en mars 2012 à Reyhanli, au nord-ouest de la Turquie, dans un camp de réfugiés syriens. Sans expérience et sans contact précis. Heureusement, il rencontre Jérôme Bastion, pigiste pour RFI et qui connaît parfaitement la région (il est d'ailleurs en compétition à Bayeux). «C'est lui qui m'a donné les ficelles du métier, il a vraiment été mon mentor. Et grâce à lui, j'ai pu vendre mes photos en direct à Radio Canada et à La Libre Belgique.»
Le baptême du feu en Syrie et la peur de l'enlèvement
En avril 2013, William part en Syrie et se rend à Alep pour suivre les combattants et les habitants de cette ville que les bombardements ont transformée en ruines. Avec son fixeur, il établit une vraie relation de confiance et se rend sur les lignes de front, dans les hôpitaux et les écoles. «Les gens étaient contents de me voir, j'étais le bienvenu.»
Mais deux semaines après son arrivée, après avoir été arrêté et interrogé par des islamistes, il comprend le danger qu'il encourt à rester et décide de repartir pour la France. La frustration sera d'autant plus grande qu'aucun diffuseur n'a voulu s'engager à prendre ses photos.
Bayeux, une reconnaissance ?
William fait partie des vingt jeunes photographes choisis pour être exposés sur les murs de Bayeux. Une sélection faite par Nicolas Jimenez, commissaire de cette expo à ciel ouvert et directeur photo au Monde.
Le cliché retenu, pris au grand angle, a été réalisé à Alep juste après un bombardement, à 11h du matin. Il fait partie des dix premières photos prises lorsque le jeune homme est arrivé sur l'évènement, où règnait la panique et la confusion. «C'est ce qui se passe là-bas au quotidien.»
Parler des drames syriens «mais pas à n'importe quel prix»
Dès la fin novembre, William repart. Pas sur le front mais dans un camp de réfugiés, à la frontière entre Turquie et Syrie : «La guerre en Syrie, c'est bien de la couvrir mais pas à n'importe quel prix.» Et cette fois, il ne part pas «pour rien». Wostok Press, une agence de reportage, l'a pris sous son aile. «Avec elle, je fais un travail à long terme, qui va me permettre de m'améliorer. Savoir raconter une histoire, aller au bout de ma démarche... C'est ça mon but aujourd'hui.»
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