Florence Cassez libre : le Mexique partagé entre "satisfaction, doutes et colère"
"Satisfaction, condamnation, doutes et colère, après sa libération ". Le titre de Proceso résume à lui seul les sentiments très partagés de la population et de la presse mexicaines. Mardi dernier, l'éditorialiste du journal Reforma écrivait que l'affaire Cassez touchait le Mexique dans sa chair. Après la décision de la Cour suprême mexicaine de libérer la Française sur le champs mercredi soir, la presse du jour reste mesurée mais sur sa faim, semble-t-il, comme envahie par un sentiment d'inachevé.
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La colère
"Les militants dénoncent l'issue lamentable de l'affaire Cassez ", titre Excelsior. "C'est la porte ouverte aux cartels du pays , selon Isabel Miranda de Wallace, fondatrice de l'organisation Halte aux enlèvements. Après Cassez, ce sera le défilé des criminels. Terrible ", prédit-elle, catastrophiste. Beaucoup de publications ont ouvert leurs colonnes aux organisations de défense des victimes de ces bandes criminelles qui pululent au mexique et dont Florence Cassez était accusée de faire partie.
Le plus vindicatif : Ezequiel Elizalde, victime présumée de Florence Cassez qui lui aurait, affirme-t-il, proposé de choisir entre l'amputation de son doigt ou de son oreille, pour faire pression sur sa famille. L'homme tempête dans tous les titres, ou presque, de la presse mexicaine. "Et la voilà qui sort par la grande porte , se lamente-t-il dans une interview filmée. Ces institutions, cette cour, ces juges, sont des porcs. Ce pays n'existe plus pour moi. Je m'en vais ".
L'homme a même écrit au président mexicain, pour lui demander plus sobrement "justice et compréhension ". Une lettre que publie le quotidien Emeequis.
Des doutes
Hors la colère, un sentiment de malaise semble planer sur la presse mexicaine. "Elle s'en va, libre mais pas innocente ", titre El Universal , qui n'a lu dans le visage de Florence Cassez, à l'annonce de sa libération, que "l'orgueil ". "Ni larmes, ni euphorie [...] Les regards émus de son père et du consul de France se sont croisés, tandis que Florence soupirait, en demandant : 'et maintenant ? '", raconte le quotidien, perplexe.
Pour autant, son éditorialiste désigne "les responsables " : la police et la justice mexicaine, "incapables de faire leur travail, ou pire, écrit-il, disposées à fabriquer des coupables de toute pièce. Florence Cassez a-t-elle pu participer à l'enlèvement dont on l'accuse ? Si la réponse est positive, la Justice fut incapable de le prouver ". Pour El Mercurio de Tamaulipas, cette affaire laisse "des victimes sans justice ".
La satisfaction
"Elle est libre, mais pas innocente ", reconnaît aussi la juge Olga Sanchez Cordero sur la radio mexicaine Imagen. La magistrate de la Cour suprême de Mexique, néanmoins applaudit la libération de la Française qu'elle a elle-même suggéré. "Je comprends que la société mexicaine soit très contrariée, explique la juge. Mais un État qui ne protège pas le droit de toutes les personnes, devient un État barbare ".
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