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G20 de la discorde à Saint-Pétersbourg

Les vingt plus grandes puissances du monde vont s'écharper pendant deux jours, mais pas vraiment sur des problèmes d'économie. La Syrie et le scandale d'espionnage américain s'invitent à la fête.

Article rédigé par Pauline Hofmann
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Le président américain Barack Obama (D) et son homologue russe, Vladimir Poutine, s'entretiennent lors du sommet du G20 à Mexico (Mexique), le 18 juin 2012. (JEWEL SAMAD / AFP)

C'est le grand raout des puissants de ce monde. Les dirigeants des vingt principales économies mondiales se retrouvent à Saint-Pétersbourg (Russie), jeudi 5 et vendredi 6 septembre. Le grand problème à régler au cours de ce G20 est l'évasion et l'optimisation fiscale, rappellent Les Echos. Il existe un consensus un peu hypocrite sur cette question puisque "les tricheurs ne sont pas présents dans ce groupe", analyse Henri Sterdyniak, directeur du département économie de la mondialisation au sein de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), interrogé par francetv info.

Cette instance avait été créée pour régler les problèmes économiques et non politiques. Mais si les grandes puissances ont plusieurs raisons de s'écharper autour de la table des négociations, l'économie n'est pourtant pas la plus importante. "Ce sommet devrait être le G20 le plus porteur de divisions jamais organisé", avertit l'économiste Chris Weafer à l'AFP. 

Syrie : la Russie et la Chine contre les Occidentaux

La Syrie "ne figure pas à l'agenda du sommet de Saint-Pétersbourg", s'est senti obligé de préciser le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Le pays hôte est un des derniers mais aussi un des plus ardents soutiens du régime de Bachar Al-Assad contre lequel semble se préparer une intervention

Récemment, le projet britannique de résolution permettant une intervention militaire a été bloqué par la Russie et son allié chinois à l'ONU. Les Etats-Unis, la Chine, la Grande-Bretagne, la France et la Russie sont à la fois les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et membres du G20. Sans pour autant changer profondément de position, Vladimir Poutine a toutefois voulu détendre la situation, en déclarant que la Russie agirait "résolument" si des "preuves convaincantes" de l'utilisation d'armes chimiques lui étaient présentées. Pour l'instant visiblement détendu, Sergueï Lavrov précise que "tout responsable politique peut mettre la question qu'il veut sur la table. Nous sommes prêts à une telle discussion." 

Les partisans d'une intervention en Syrie, la France et les Etats-Unis en tête, pourraient donc tenter d'infléchir la position de la Russie et la Chine, avec le risque de discussions conflictuelles. "Je ne vois pas sur quoi ils pourraient se mettre d'accord", résume, défaitiste, Sergueï Karaganov, de la faculté d'économie et de politique internationales à Moscou. L'expert met en garde contre la question syrienne, qui "divisera tellement le sommet qu'il ne donnera pas grand chose"

Espionnage américain : les Etats-Unis contre tous les autres

Lorsque Barack Obama a appris la présence en Russie d'Edward Snowden, cet ancien employé de l'Agence nationale de la sécurité (NSA) qui a dévoilé le scandale de l'espionnage américain, il a annulé une pré-réunion du G20 avec Vladimir Poutine. Le protocole de cette édition du G20 a été bouleversé pour que les deux dirigeants ne soient pas voisins de table, explique Rue 89 qui cite le journal russe Izvestia. Cette réunion pourra être l'occasion pour les pays espionnés par les Etats-Unis de demander des explications sur l'affaire. 

L'Union européenne, mais aussi la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne et le Canada, tous membres du G20, ont fait partie des cibles favorites de la NSA, les services de renseignements américains. La Grande-Bretagne risque de se faire petite dans le clan des victimes de l'espionnage. BFMTV expliquait en juin que des délégués du G20 eux-mêmes avaient été espionnés, mais par Londres, cette fois.

Croissance : les pays émergents contre les pays développés

Au G20, les BRICS ont décidé de se faire entendre. Le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud ont perdu leur croissance insolente, comme l'expliquait notre blogueur Alexandre Delaigue. En cause notamment, la modification de la politique de la banque fédérale américaine, qui laisse présager une remontée des taux. Un signe de reprise important pour les investisseurs. Ces derniers détournent leur argent des pays émergents pour le placer dans les pays développés. Résultat : depuis le début de l'année, la roupie indienne a perdu un quart de sa valeur, le réal brésilien 15% et le rouble russe 10%. 

L'Afrique du Sud a demandé le 2 septembre "une meilleure reconnaissance du fait que nous vivons dans un monde interconnecté". Le pays a critiqué les Etats-Unis à demi-mot en parlant de décisions "basées sur les seuls intérêt nationaux (qui) peuvent avoir des conséquences graves sur les autres nations""C'est un contentieux habituel", relativise Henri Sterdyniak. Les pays émergents ont l'intention de créer leur propre banque centrale, d'après L'Expansion, pour stabiliser leurs monnaies. 

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