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Adoption du budget en Grèce : "La population va continuer à souffrir", prévient un économiste

Eric Dor, directeur des études économiques à l’Ieseg School of management, est revenu, mercredi pour franceinfo, sur l'adoption par le Parlement grec du budget pour 2018.

Article rédigé par franceinfo
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Un homme brandit un drapeau grec devant le Parlement à Athènes (Grèce), le 5 juillet 2015. (IAKOVOS HATZISTAVROU / AFP)

Le parlement grec a adopté, mardi 19 décembre, le budget de 2018. Il était présenté par le gouvernement comme le dernier avant que le pays cesse d'être sous perfusion financière internationale en août prochain. Malheureusement pour la Grèce"la dette d'un Etat roule, on ne la rembourse jamais", explique sur franceinfo, Eric Dor, directeur des études économiques à l’Ieseg School of management (Paris et Lille). 

franceinfo : Les prévisions budgétaires de la Grèce sont-elles réalistes ?

Eric Dor : On a quelques inquiétudes. On sait que les privatisations, qui sont demandées par les créanciers depuis le début des programmes d'aide, ont toujours eu beaucoup de mal à se réaliser en Grèce. De nouveau, Alexis Tsipras dit qu'en 2018 les recettes de privatisation vont augmenter d'un milliard pour atteindre 2,74 milliards. Mais de nouveau arrivera-t-on, contrairement aux années précédentes, à réellement atteindre cet objectif ? La question reste ouverte.

La Grèce peut-elle rembourser les prêts sans trop de casse ?

La dette d'un Etat roule, on ne la rembourse jamais. Les emprunts qui arrivent à échéance sont remboursés en contractant de nouveaux emprunts. C'est vrai aussi pour la France. Le problème de la Grèce, c'est d'arriver de nouveau à faire rouler sa dette. Les programmes d'assistance depuis 2010 avaient pour objectif de substituer l'assistance financière internationale aux recours aux marchés qui étaient devenus impossibles. Le programme court jusqu'en août 2018. À partir de là, il n'y aura plus aucun prêt du Mécanisme européen de stabilité qui sera légalement possible. La Grèce devra entièrement dépendre de son accès au marché. C'est tout le problème d'avoir la crédibilité nécessaire. Les surplus primaires sont là pour rassurer les marchés.

Comment cela va-t-il se passer ?

On va utiliser une grosse masse d'argent qui n'a finalement pas été utilisée. Le troisième programme prévoyait des prêts jusqu'à 86 milliards, mais en réalité on n'a pas eu besoin de tout ça. On a prêté un peu plus de 40 milliards, donc il reste beaucoup d'argent potentiellement prêtable d'ici août 2018. L'idée, c'est que le Mécanisme européen de stabilité consacre une bonne dizaine de milliards à un fonds de secours de réserve qui sera là, si jamais la Grèce devait y recourir en cas de problème de financement sur les marchés. On espère que cela va rassurer les marchés.

Des fortes restrictions ont été mises en place. Cela en valait-il la peine ?

C'est la question qui se pose depuis le départ. Il y a toujours eu, même dans la communauté des économistes, deux écoles. La population est encore très appauvrie, encore pour le budget 2018. Il y a encore une augmentation des cotisations de sécurité sociale, une augmentation du taux des taxes immobilières, une diminution des subventions au chauffage de la population. Donc, la population va continuer à souffrir. Le taux de pauvreté en Grèce est extrêmement élevé.

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