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Faut-il annuler ses vacances en Grèce ?

Les milliers de Français qui ont prévu de se rendre en Grèce cet été regardent la situation financière du pays avec inquiétude, mais il suffit de s'organiser pour passer des vacances normales.

Article rédigé par Christophe Rauzy
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Des touristes devant l'Acropole à Athènes (Grèce), le 4 juillet 2015. (KAY NIETFELD / DPA / AFP)

Flâner dans les ruelles baignées de soleil des petits villages retirés, apprécier (avec modération) les verres d'ouzo à l'apéritif et se rafraîchir sur les plages aux eaux turquoise des Cyclades. Un programme alléchant sur lequel de nombreux Français ont tablé pour cet été, au vu du record de recherche des termes "Vacances Grèce" sur Google cette année. Mais la crise financière que traverse la Grèce peut inquiéter certains touristes étrangers sur le sort qui les y attend. Le Royaume-Uni a averti ses ressortissants que la situation sur place pouvait "se détériorer rapidement". Alors faut-il décrocher votre téléphone pour annuler votre vol et la réservation de votre bungalow à Santorin ? 

Non, les étrangers sont épargnés par les restrictions

Les images de Grecs agglutinés autour de distributeurs d'argent ont marqué les esprits. Celle de ce retraité, désespéré et en larmes, assis devant une banque, a également ému le monde entier. Les touristes craignent dès lors de se retrouver dans la même situation. Sauf que seuls les Grecs sont concernés par les restrictions imposées par le contrôle des capitaux décidé par le gouvernement d'Alexis Tsipras. Eux ne peuvent retirer que 60 euros par jour, 120 euros pour les retraités. Mais les touristes peuvent retirer autant d'argent liquide qu'ils le souhaitent. Et, concernant les papiers, aucune obligation de prévoir un passeport ou un visa, une carte d'identité suffit. La Grèce fait toujours partie de l'Union européenne et ne devrait pas en sortir, au moins pour l'instant.

Mais vous aurez du mal à trouver un distributeur avec des billets. Si vous arrivez à Athènes les mains dans les poches, vous risquez de perdre beaucoup de temps à faire la queue devant les distributeurs. Avant même le défaut de paiement du 30 juin, la plupart des Grecs étaient déjà forcés de patienter dans les files d'attente. La situation ne s'est pas améliorée avec la fermeture imposée des banques pour une semaine.

Non, à condition de partir avec de l'argent liquide

Théoriquement, la plupart des commerces acceptent les cartes bancaires françaises. Mais avec le contrôle des capitaux, beaucoup les refusent, de peur qu'à leur réouverture, les banques ne puissent plus les créditer. Pour éviter d'errer en quête de liquide, mieux vaut donc partir avec de l'argent retiré avant de prendre votre avion. Comme l'explique Jean Brajon, directeur de l'agence de voyages Héliades, à Atlantico, la somme en cash que vous pouvez transporter d'un pays européen à un autre est limitée. Mais cette limite est de 10 000 euros, soit largement de quoi financer vos dépenses pour deux semaines de vacances en Grèce. ll est également conseillé de se munir de plusieurs cartes bancaires.

L'attitude à observer est celle préconisée par le Quai d'Orsay : mieux vaut payer ses nuitées et son vol retour avant de partir. Si ce n'est pas possible, il faut penser à contacter son hôtel pour s'assurer qu'il accepte un paiement par carte bancaire. Autre conseil avisé de la Fédération bancaire française (lien PDF), si vous voulez retirer des sommes importantes de liquide en France, pensez à contacter votre banque quelques jours avant le départ, car il y a parfois un délai avant l'obtention des fonds.

Mais il va falloir être prudent. La Grèce est un pays très sûr, mais comme dans tous les pays touristiques, on n'est jamais à l'abri d'un vol, notamment à Athènes. Et les pickpockets doivent se réjouir de voir débarquer des touristes aux poches bien remplies. Aucune raison d'avoir peur, il faut simplement être prudent, comme le souligne Christine, une touriste habituée à la Grèce, interrogée par L'Obs : "On part avec des enveloppes rangées dans différents endroits." La mesure la plus évidente est de ne pas garder tout votre argent au même endroit, notamment dans un sac à main. Pour ceux qui veulent aller plus loin, Le Guide du Routard fournit quelques astuces pour garder ses billets hors de portée des mains mal intentionnées.

Non, tout fonctionne presque normalement

Vous avez loué une petite villa à Paros et vous vous inquiétez de savoir si vous pourrez manger autre chose que de la feta et des olives ? Des rayons vidés des produits de base ont bien été constatés le 4 juillet dans plusieurs supermarchés d'Athènes, à cause de l'angoisse de Grecs qui ont peur de manquer. Mais globalement, les marchandises s'acheminent normalement en Grèce, assure à La Croix Jean-Marc Rozé, secrétaire général du Syndicat national des agences de voyage (Snav). Ce dernier "n’imagine pas les hôtels grecs confrontés, dans un avenir proche, à des pénuries de denrées".

Les stations-service ont également été prises d'assaut. Mais l'ambassade de Grèce en France assure, dans 20 minutes, que l'essence reste largement disponible : "Les raffineries fonctionnent normalement alors que la circulation ne cesse de se réduire, il n’y a donc aucun risque."

Mais vous devrez emporter vos médicaments. Les pharmacies sont, elles, bien confrontées à des pénuries. Beaucoup de Grecs "achètent des médicaments au cas où", témoigne un pharmacien athénien. Le Quai d'Orsay conseille aux Français, notamment ceux qui "suivent un traitement ou sont sujets à des risques médicaux particuliers, d’emporter avec eux les médicaments nécessaires, ainsi que l’ordonnance correspondante".

Oui, si vous pensez que vous serez seuls

Le succès de la recherche "Vacances Grèce" sur Google ne semble pas lié à l'angoisse d'internautes en quête d'informations sur la situation du pays, mais plutôt à l'atttrait pour cette destination. La crainte de voyager dans un pays menacé par le terrorisme a poussé de nombreux touristes, notamment européens, à choisir la Grèce : 1,5 million de Français fouleront le sol grec en 2015, soit 10% de plus que l'an passé, selon l'Office de tourisme grec, cité par La Croix.

Ceux qui pensaient pouvoir profiter de la crise grecque pour être tranquilles seront déçus. Clarisse et Paul, un couple de Français cité par L'Obs, reviennent juste des Cyclades et décrivent "des boutiques de luxe et des restaurants tous pleins".

Mais les Grecs risquent d'être avares en sourires. Dans un pays où le tourisme représente 20% du PIB et 800 000 emplois, ce succès apparent aurait de quoi atténuer l'angoisse des professionnels du secteur. Ils sont pourtant inquiets de voir la situation se détériorer et craignent des annulations en chaîne.

Pour l'heure, rien de tel, mais la volonté des créanciers de la Grèce de voir la TVA passer de 6% à 13% dans l'hôtellerie, et de 13% à 23% dans la restauration, rendrait la situation "insupportable" : "Une telle hausse conduirait à un renchérissement de 16% en moyenne, c'est en dehors de nos possibilités", explique à La Tribune Andreas Andreadis, président du Sete, la confédération du secteur du tourisme. Malgré la perspective d'un été 2015 florissant, l'incertitude règne sur l'avenir du tourisme grec.

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