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Grèce : Syriza triomphe, les socialistes en déroute... Les quatre leçons des législatives

Avec plus 8 points d'avance sur la droite, le parti anti-austérité mené par Alexis Tsipras rate de peu la majorité absolue des sièges au Parlement. Il devra négocier avec d'autres pour gouverner.

Article rédigé par Vincent Matalon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Alexis Tsipras, leader de la formation de gauche Syriza, dimanche 25 janver 2015 à Athènes (Grèce). Son parti est le grand vainqueur des élections législatives organisées dans le pays. (LOUISA GOULIAMAKI / AFP)

La victoire a failli être totale. Le parti de gauche anti-autérité Syriza, mené par Alexis Tsipras, a raté de peu la majorité absolue des sièges lors des élections législatives en Grèce, organisées dimanche 25 janvier. Avec 36,34% des voix, selon les résultats portant sur la quasi-totalité des bulletins, il devance de près de neuf points le parti conservateur de la Nouvelle démocratie.

La situation est très favorable pour cette formation qui souhaite renégocier la dette publique avec les créanciers internationaux. Mais elle ne devrait pas lui permettre de former seule un gouvernement.

> Elections en Grèce : suivez la victoire de Syriza en direct

Désaveu cinglant pour la droite du Premier ministre sortant, Antonis Samaras, mais également pour le Pasok, parti de gauche historique du paysage politique grec... Francetv info fait le point sur ce les quatre leçons de ce scrutin déterminant pour l'avenir du pays et de l'Europe.

Syriza triomphe, Tsípras en position de force

"La démocratie va être de retour en Grèce (...) Le message sera que notre avenir à tous, en Europe, ne passe pas par l'austérité". Après avoir glissé son bulletin dans l'urne dans un bureau de vote d'Athènes, Aléxis Tsípras affichait sa confiance quant aux résultats du scrutin. Ceux-ci ont été au-delà de ses espérances : alors que la plupart des sondages donnaient à Syriza 3 à 4 points d'avance sur la Nouvelle Démocratie (droite) du Premier ministre sortant, l'écart final se situe à plus de 8 points.

Mais en ratant de deux sièges la majorité absolue à la Vouli, le Parlement grec, Syriza va être contraint de négocier avec d'autres partis, plus modérés que lui d'un point de vue économique pour former une coalition, pour former une coalition. Et appliquer son ambitieux programme.

La stratégie de la peur de Samarás n'a pas payé

Tout au long de la campagne, le camp de la Nouvelle Démocratie a agité le spectre d'une catastrophe économique pour la Grèce en cas de victoire de la gauche radicale. Partisan d'une poursuite de la politique de rigueur budgétaire réclamée par les créanciers de la troïka (Union européenne, Banque centrale européenne et FMI) en échange de plans d'aides économiques, le Premier ministre sortant Antónis Samarás a été particulièrement virulent contre Syriza lors de son dernier meeting de campagne, vendredi.

"L'accident Tsipras n'arrivera pas. Nous ne les laisserons pas nous faire revenir en arrière", avait averti le chef du parti conservateur. "[Syriza] ne sait pas ce qu'est l'Europe, ne comprend pas l'Europe (...), et va dresser l'Europe contre nous", avait-il ajouté, évoquant une menace venue des marchés en cas de victoire de son rival. "Lorsque cela se produit, quelques jours suffisent à nous refaire plonger dans les déficits". Cette stratégie ne s'est pas avérée payante : avec 27,81% des suffrages, le parti de droite est en recul par rapport au scrutin de 2012, où il avait obtenu près de 30% des voix.

Le Parti socialiste en déroute

Imaginez une Assemblée nationale française avec seulement 28 députés PS sur 577. C'est à peu près ce qui est arrivé dimanche au Pasok, parti historique de la gauche grecque. Avec 4,68% des voix, derrière le parti d'extrême droite Aube dorée, le Parti socialiste est le grand perdant de ce scrutin. Il n'obtient que 13 sièges à la Vouli.

Le Pasok paie les pots cassés de la rigueur. Le parti, alors mené par Georges Papandréou, était en effet aux commandes du pays lorsque la crise de la dette a éclaté en 2010. C'est lui qui, le premier, a mis en œuvre les mesures d'austérité drastiques réclamées par la troïka, et qui ont largement dégradé le niveau de vie moyen des Grecs. Il a ensuite gouverné au côté de la droite en poursuivant cette politique. Responsable de la crise aux yeux d'un grand nombre d'électeurs, il divise son score par près de dix en six ans : il avait obtenu 44% des voix aux législatives de 2009.

L'extrême-droite troisième, talonnée par le centre

La lutte pour la troisième place du scrutin a été très serrée entre le nouveau parti de centre gauche, To Potami (La Rivière), qui a obtenu 6,05% des voix, et le parti néo-nazi Aube dorée (6,28%). Tous deux envoient 17 députés à la Vouli.

Le premier réussit son entrée dans le paysage politique grec. Menée par Stavros Theodorakis, journaliste star de la télévision, cette formation plutôt libérale d'un point de vue économique et marquée à gauche en terme de réforme sociétale obtiendrait plus d'une quinzaine de sièges au Parlement. To Potami s'était déclarée prête à s'associer à la fois avec la droite et avec Syriza, si certaines de ses idées étaient prises en compte par le nouveau gouvernement. Alexis Tsipras, s'il obtient la majorité absolue, n'aura pas besoin de cette main tendue.

De son côté, Aube Dorée limite la casse. Depuis l'assassinat d'un rappeur antifasciste par un membre du parti d'extrême-droite à l'automne 2013, le gouvernement a en effet sévi contre la formation coutumière d'agressions violentes à l'encontre des sans-papiers ou des Roms. Sept de ses seize députés actuels, dont le leader du parti Nikolaos Michaloliakos, se trouvent actuellement en prison. 

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