Grèce : trois phrases qui prouvent que la zone euro, c'est un peu comme une cour de récré
Après des mois de négociations tumultueuses, les esprits se sont échauffés, samedi soir, lors des discussions à Bruxelles sur la dette grecque.
"C'était dingue, une vraie classe de maternelle, raconte un témoin anonyme. Les énergies négatives ont pris le dessus." L'atmosphère est devenue délétère, samedi 11 juillet au soir à Bruxelles (Belgique), lors de la sixième réunion d'urgence en seulement trois semaines des ministres de Finances de la zone euro sur la crise de la dette grecque.
Après neuf heures de pourparlers tendus, les grands argentiers de la zone euro semblaient tellement à cran que la réunion a été suspendue peu avant minuit, à la surprise générale. Certains dirigeants européens ont même pris part, à distance, à la bagarre.
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Voici trois phrases qui trahissent ces tensions extrêmes au sein de l'eurozone.
"Je ne suis pas stupide !"
Selon un responsable européen, la suspension des discussions, samedi soir, a surtout été provoquée par un vif échange entre le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi et le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, partisan d'une ligne dure vis-à-vis d'Athènes, à propos de la capacité des Grecs à tenir leurs engagements. "Je ne suis pas stupide !", a fini par lancer l'Allemand à l'Italien.
Pour certains ministres européens, Wolfgang Schäuble en fait trop, alors que la France et l'Italie se montrent plus souples afin d'éviter un "Grexit". "Il a remplacé Yanis Varoufakis", glisse-t-on à Bruxelles, dans une allusion à l'ancien ministre des Finances grec, qui a laissé en souvenir à ses partenaires européens plusieurs sorties à l'emporte-pièce. "Les positions de Wolfgang Schäuble sont irresponsables et peuvent conduire au désastre", a estimé Gianni Pittella, un allié du président du Conseil italien Matteo Renzi.
Entre deux rounds de négociations, les ministres des Finances de la zone euro ont dîné. Autour de la table, régnait un silence pesant, ont rapporté des journalistes sur place, pendant que d'autres ont imaginé la scène.
Dinner party from hell RT @giopank: Sources: ministers' dinner just started but around the table everyone is very silent #Eurogroup #Greece
— Ed Conway (@EdConwaySky) 11 Juillet 2015
@EdConwaySky pic.twitter.com/DHzG1ebbrt
— A Gizowska (@AnnaGiz) 11 Juillet 2015
"Ça suffit !"
Matteo Renzi s'est invité dans la dispute par média interposé. Le chef du gouvernement italien a pris la défense de la Grèce face à l'Allemagne dans un entretien accordé au journal Il Messaggero, publié dimanche. "Le bon sens doit prévaloir et un accord doit être trouvé. L'Italie ne veut pas que la Grèce sorte de la zone euro et je dis à l'Allemagne : 'ça suffit !'", a-t-il déclaré.
"Maintenant qu'Alexis Tsipras a fait des propositions qui répondent aux demandes européennes, nous devons absolument parvenir à un accord", a-t-il insisté. Et de conclure : "Humilier un partenaire européen alors que la Grèce a renoncé à tout, ou presque tout, est impensable."
"On veut nous humilier"
Humiliation. Le mot revient dans la bouche des dirigeants grecs. "Ce qui se passe, c'est qu'on veut humilier la Grèce et les Grecs ou renverser le gouvernement Tsipras", a déclaré, dimanche, à la chaîne Mega TV, Dimitrios Papadimoulis, vice-président du Parlement européen et membre du parti de la gauche radicale Syriza, la formation du Premier ministre Alexis Tsipras.
Samedi soir, à Bruxelles, un des ministres des Finances européens présents détonnait dans cette ambiance électrique. Le Grec, Euclide Tsakalotos, remplaçant de Yanis Varoufakis, est apparu calme et plein de bonne volonté pour convaincre ses interlocuteurs d'accepter les dernières propositions d'Athènes en échange d'une nouvelle aide. Et, contrairement à ce qui s'était passé jusqu'ici, les échanges les plus vifs n'ont pas opposé le ministre grec à ses collègues, mais les autres ministres européens entre eux.
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