Incendies en Grèce : le gouvernement pointé du doigt par les habitants
Quatre jours après les spectaculaires et meurtriers incendies, les habitants dénoncent le laisser-faire de l'État.
Dans l’est de l’Attique en Grèce, les terribles incendies de cette fin du mois de juillet 2018 ont fait au moins 82 morts et des centaines de victimes. Pour les habitants sinistrés, le gouvernement est fautif. Ils dénoncent le laisser-faire pratiqué depuis des années dans la région où l’absence de contrôle et les arrangements avec la loi seraient monnaie courante.
Mais ils ne sont pas les seuls responsables, les pompiers trop peu nombreux sont aussi pointés du doigt ainsi que les habitants, en partie coupables. Selon Yanis, sur le port de la station balnéaire de Mati à 30 kilomètres à l'est d'Athènes : "Ces maisons sont là depuis 50 ans alors que c’est considéré comme une zone forestière. Ils ont payé l’État pour faire "légaliser" leurs maisons mais tout le monde connaissait très bien les risques qu’ils prenaient".
Toutes les maisons ici sont illégales, et c’est pour ça qu’ils ont construit là, parce qu'il n'y avait aucun contrôle.
Yanis, un habitant de Mati
La zone forestière de Mati est devenue une cité balnéaire dans laquelle les maisons sont collées les unes aux autres. Valérie Vassilicos est présidente d’une association régionale de préservation de l’environnement, elle habite la région depuis 12 ans et elle aussi dénonce la désorganisation dans la petite ville grecque. "Ça a été construit de façon complètement anarchique et c'est un dédale. Moi je me suis toujours perdue là-dedans et malheureusement il y a beaucoup de gens qui ont péri à cause de ça", explique-t-elle, émue.
Elle connaît bien le laxisme qui règne à Mati et les arrangements entre l'État et les propriétaires des maisons : "On lui tape juste sur la main et on lui dit "tu me payes un certain montant et ça ira".
Les autorités donnent la priorité aux gens qui ont construit illégalement.
Valérie Vassilicosprésidente d'une association régionale de préservation de l'environnement
Certains quartiers comme celui de Kokkino Limani, "le port rouge", sont entièrement en cendres. Gavriil Xanthopoulos est le spécialiste incendie du gouvernement grec et il n’est pas surpris par l’ampleur des dégâts. Pour lui, les habitants se sont presque condamnés eux-mêmes en construisant leur maison.
Ils posent les poutres du toit et au-dessus, ils mettent du papier goudronné puis les tuiles. Certes, les tuiles ne s'enflamment pas, mais le papier goudronné, lui, c’est l’inverse, il s'embrase.
Gavriil Xanthopoulos
Et il poursuit : "En faisant ça, c’est comme s’ils mettaient déjà le feu chez eux, parce que comme le toit est couvert d’épines de pin, à la moindre étincelle, tout prend feu et le toit s’écroule dans la maison ».
Aucune mesure de prévention
Les maisons à toit plat traditionnelles en béton ont, elles, toutes survécues aux flammes. Mais les anomalies ne s’arrêtent pas là, selon Gavriil Xanthopoulos, qui dénonce une négligence des inspecteurs des travaux.
Les mairies refusent également d’imposer aux riverains de débroussailler autour de leurs propriétés, mais ne le font pas non plus elles-mêmes. Actuellement, aucune mesure sérieuse de prévention des incendies n'est appliquée.
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