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Référendum en Grèce: à Sikinos, «les Jeeps ont voté oui, les ânes ont voté non»

Petite perle des Cyclades, la minuscule île de Sikinos a voté «oxi» (non) comme le reste de la Grèce aux propositions que Bruxelles veut imposer au pays. Au-delà de cet exemple, ce non est l'expression d'un pays laminé par l'austérité. «On n'en pouvait plus, on n'avait rien à perdre», explique une habitante ravie du résultat. Le reportage de Pierre Magnan pour Géopolis.
Article rédigé par Frédérique Harrus
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Campagne du référendum à Athènes, le 4 juillet 2015. (Pierre Magnan)

«Voter oui, c'est plus de taxes, voter non c'est l'inconnu», nous affirmait une commerçante d'Athènes samedi 4 juillet, résumant le désarroi des Grecs avant le référendum. Un référendum qui s'annonçait dans les rues de la capitale, où les affichettes pour le oui et le non se côtoyaient pacifiquement.

Dans la petite île de Sikinos et ses 200 électeurs, le référendum trouble moins les baigneurs que le vent qui souffle fort du Nord. Le vote a lieu dans le village blanc perché sur les hauteurs. Mais même à l'issue du vote, aucune fête aucune manifestation particulière. «Les gens ne sont pas venus d'Athènes pour voter. Seule une vingtaine de personnes se sont déplacées depuis la capitale pour voter», explique un habitant. En Grèce, en effet, il n y a pas de procuration et il faut revenir chez soi pour voter.

Les gens ont préféré suivre les résultats devant la télé, chez eux. Dans les cafés, les téléviseurs égrènent les chiffres de la victoire du non dans les différentes régions de Grèce. Les touristes essayent de suivre les résultats avec l'aide du cafetier, ravi de la victoire du non. «A Sikinos, le "non" l'a emporté par 130 voix contre 70», explique la magistrate qui redescend par le bus le sac contenant les bulletins et les résultats vers le port. Le lendemain, elle doit trouver un bateau pour aller déposer le précieux sac vers la grande île de Naxos.

La magistrate transportant les bulletins de vote de l'île de Sikinos dans le bus du village vers le port (Pierre Magnan)

«Ici, ceux qui ont une Jeep on voté oui et ceux qui ont un âne ont voté non», résume Lucas, un habitant qui loue des chambres aux touristes. Des touristes qui, cette année, semblent avoir eu peur de la situation, nous dit une dame en affirmant que beaucoup de locations ont été annulées à la dernière minute. La menace sur le tourisme est entretenue par beaucoup de médias au point que les Grecs saluent plus chaleureusement que les autres années les touristes qui ont bravé les mauvaises nouvelles, les menaces sur la monnaie ou l'absence de liquidités dans les distributeurs d'un «Thank you visiting Greece».

«C'est bien que vous soyez là malgré tout le blabla de Merkel et de Hollande», dit l'homme à la caisse de la compagnie de ferry avec un grand sourire qui laissait peu de doute sur le sens de son vote.

Un peu plus tôt, un homme nous affirmait, désolé: «Le pire avec cette crise, c'est que tous les Grecs ont perdu le sourire.» Avec la victoire du non, une partie de ce sourire semblait être revenue, quel que soit l'avenir.

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