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Système "euroïsé", IOU, drachme : quelles solutions monétaires pour la Grèce, au bord du Grexit ?

Athènes fait un saut dans l'inconnu, après la victoire du "non" au référendum. Les négociations vont-elles reprendre ? Francetv info fait le point sur les scénarios monétaires pour la Grèce, si aucun accord n'est trouvé avec ses créanciers.

Article rédigé par franceinfo
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Un drapeau grec flotte à Athènes (Grèce), le 5 juillet 2015. (ARIS MESSINIS / AFP)

Athènes fait un saut dans l'inconnu. Après la victoire du "non" au référendum, dimanche 5 juillet, et le rejet des propositions des créanciers, l'avenir de la Grèce est désormais en suspens. Plusieurs rencontres et sommets ont été convoqués par les Européens pour "discuter de la situation".

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Les négociations vont-elles reprendre ? Le "Grexit" va-t-il se concrétiser ? Francetv info fait le point sur les scénarios monétaires pour la Grèce, si aucun accord n'est trouvé entre Athènes et ses créanciers.

Le maintien de l'euro malgré le "Grexit" ?

En pratique, la Grèce aura du mal à se passer de l'euro. "Il est possible que le gouvernement introduise une sorte de devise ou des bons pour les transactions locales, les paiements publics, analyse Ludovic Subran, chef économiste de l'assureur-crédit Euler Hermes, interrogé par l'AFP. Mais ça ne tiendra pas, tout en Grèce converge vers l'euro, son économie dépend de l'euro."

Le pays pourrait donc, en cas de "Grexit", continuer à utiliser la monnaie unique, rejoignant ainsi le camp des pays "euroïsés". L'adjectif s'applique aux pays qui utilisent une devise qui n'est pas la leur, sans banque centrale. En Europe, c'est ce que font déjà deux pays issus de l'ex-Yougoslavie, dans une situation géopolitique très particulière : le Monténégro depuis 2006, le Kosovo depuis 2002.

Athènes est déjà dans une situation spécifique, avec la fermeture des banques et la limitation des retraits d'argent liquide. Ces restrictions ne s'appliquent pas aux comptes à l'étranger, donc pas aux touristes de passage par exemple : "De fait, il y a aujourd'hui deux sortes d'euros" dans le pays, assure Ludovic Subran.

Si la Banque centrale européenne cesse de fournir des euros au pays, ce dernier pourrait continuer à recevoir des coupures fraîches via le tourisme, un pan important de son économie, et les transferts des Grecs de l'étranger. Selon Ludovic Subran, l'apport de la diaspora peut déjà être estimé à environ 1/5e du produit intérieur grec sur les six premiers mois de l'année.

Des "IOU" en cas de caisses vides ?

Athènes pourrait, temporairement, recourir à des "IOU" en attendant que la situation se débloque. Prononcé à l'anglaise, l'acronyme signifie littéralement "I Owe You" : "Je vous dois", en français. Il s'agit ni plus ni moins d'une promesse écrite de paiement émise par un débiteur qui, pour une raison ou une autre, n'a pas d'argent liquide.

En juillet 2009, la Californie avait par exemple émis 2,6 milliards de dollars grâce à ce type de reconnaissance de dette, pour faire face à une importante crise budgétaire. Deux mois plus tard, la situation revenait à la normale et les détenteurs de ces "IOU" ont pu encaisser leur argent.

Tout ne pourrait pas être aussi simple dans le cas d'Athènes. Dans un scénario imaginé par l'économiste Holger Schmieding de Berenberg Bank, critique très virulent du gouvernement Tsipras, la Grèce pourrait par exemple verser à un retraité un bon de 500 IOU, correspondant à sa pension mensuelle de 500 euros.

C'est ensuite que les choses pourraient se compliquer, si le retraité décide d'utiliser cet "argent", par exemple pour faire ses courses. Le commerçant, méfiant, pourrait refuser de reconnaître à ces IOU la même valeur que l'euro, et demander par exemple 50 IOU pour un panier de courses valant 30 euros. Ce scénario catastrophe est inspiré de l'exemple du Venezuela, où la monnaie locale, le bolivar, n'en finit pas de plonger sur un marché noir où le dollar américain est roi.

Le retour de la drachme ?

Souvenez-vous : avant l'euro, en Grèce, les échanges se réglaient en drachmes. Et si Athènes revenait à son ancienne monnaie ? Yanis Varoufakis avait écarté cette possibilité avant le référedum. "Nous n'avons pas la capacité [d'en] imprimer", assurait l'ancien ministre des Finances : en 2000, un an avant de rejoindre la zone euro, "une des mesures que nous avons prises a été de nous débarrasser de toutes nos presses".

L'obstacle n'en est en réalité pas vraiment un, explique 20 Minutes. Même sans ces fameuses presses, Athènes pourrait faire frapper des drachmes, ou une autre monnaie, en se tournant vers l'étranger. La nouvelle devise serait rapidement utilisable sous une forme électronique, explique le journal, même s'il faudrait patienter avant qu'elle ne soit physiquement disponible : au moins "quatre mois", selon l'imprimeur de billets britannique De La Rue, interrogé par la BBC.

La Grèce aurait dans tous les cas plusieurs options face à elle, détaille le Wall Street Journal (en anglais). Elle pourrait totalement reprendre le contrôle de sa politique monétaire, mais devrait faire face aux conséquences d'une dévaluation. Autre scénario, qui demanderait à la Grèce plus de discipline, selon le journal : arrimer sa nouvelle devise à la valeur de l'euro. C'est ce qu'avait fait l'Estonie avec le deutsch mark en 1992, après son indépendance de l'URSS.

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