Cet article date de plus de neuf ans.
Haute technologie contre incivilités ou l'ADN dans le caniveau
Le caca de votre chien, le chewing-gum négligemment craché, le mégot jeté... autant d'incivilités qui coûtent cher et agacent les villes. Les municipalités contre-attaquent et dégainent l'arme fatale : l'analyse ADN. L'émergence de ce type de réponse de la part des autorités semble avoir un effet tout à fait dissuasif...
Publié
Temps de lecture : 4min
Les grandes évolutions technologiques ont généralement permis de faire des bonds à l'Humanité. Mais depuis quelques années, c'est l'humanité avec un petit h, qu'on tente de faire progresser via la haute technologie.
Grâce aux séries américaines, on a tous l'image de ces enquêteurs armés de cotons-tiges traquant d'éventuelles traces laissées sur des scènes de crimes particulièrement sanglantes. Toute l'enquête repose généralement sur «l'ADN va-t-il parler ou pas?» Seulement voilà, loin des séries américaines, l'ADN est désormais régulièrement exploité pour pouvoir déterminer qui est l'auteur d'incivilités plus ou moins graves.
Ainsi les municipalités de Naples (Italie), Barking (Angleterre), Tarragone (Espagne) ont dégainé les expertises ADN pour établir, via l'analyse des déjections canines, qui sont les propriétaires indélicats laissant leur chien se soulager sans ramasser.
Les stratégies et l'ampleur des contraventions ne sont pas forcément les mêmes, mais la démarche initiale reste commune.
A Tarragone, qui recense près de 2800 chiens, la mairie excédée s'est mise en cheville avec l'université locale. A charge pour le labo de génétique de constituer une base de données compilant l'ensemble des codes génétiques des chiens locaux, afin de remonter aux propriétaires coupables d'incivisme. En plus de l'amende, les maîtres devront s'acquitter du prix de l'analyse génétique. Les Napolitains n'ont pas imaginé plus avec leur opération nommée, non sans humour «pieds propres»...
Barking la bien nommée (en anglais barking signifie aboyer) a carrément monté un plan de bataille anti-crottes-de-chien-intempestives. Plusieurs mesures ont ainsi été prises, comme interdire l'accès de ses 27 jardins publics aux quadrupèdes qui n'auront pas été répertoriés au préalable dans la base de données créée à cet effet. Le conseil souhaite même inclure dans le bail des locataires de résidences municipales, l'obligation d'enregistrer l'ADN de leur chien.
Pas d'impunité à cracher
Mais Amsterdam franchit un cap en brandissant l'arme de la recherche génétique, pour arrêter les passagers irrascibles crachant sur le personnel des transports. «Le crachat est l'une des plus humiliantes formes d'agression», a déclaré à l'AFP Mireille Muller, porte-parole de la société de transport GVB, qui gère les trams et les bus d'Amsterdam. Les agents de sécurité ont été entraînés par des experts médico-légaux à l'utilisation d'un tube en plastique et d'un morceau de gaze pour récolter les échantillons de salive. Selon Mme Muller, ils sont en mesure de se rendre sur le lieu d'un crachat en six minutes. L'échantillon est ensuite remis à la police et au parquet en vue d'un examen médico-légal, a indiqué à l'AFP Franklin Wattimena, porte-parole du parquet. Même si l'échantillon de correspond à aucun ADN déjà répertorié, il sera conservé 12 ans.
Si Amsterdam y vient c'est après avoir observé les résultats de la mise en place de ces kits de crachats à Sydney en Australie depuis quelques mois, mais surtout avec un recul de 10 ans sur les mêmes méthodes utilisées en Grande-Bretagne. De plus, les prélèvements ADN comparés à des banques de données de personnes violentes ont permis l'identification de 73% des «cracheurs» en douze mois. Les crachats ont diminué de façon drastique.
Portrait craché ?
L'utilisation ultime du prélèvement ADN a été atteint par Heather Dewey-Hagborg, une artiste américaine qui a, en 2013 au cours d'un parcours Manhattan-Brooklyn, ramassé chewing gum, mégots, cheveux et rognures d'ongles. Après avoir relevé l'ADN présent sur chaque élément et après l'avoir analysé, elle a reproduit le visage des personnes qui avaient semé ces indices, à partir d'imprimantes 3D.
Ces visages appartenant à des inconnus dans la rue, l'histoire ne dit pas s'ils étaient vraiment ressemblants à ceux des personnes dont c'était l'ADN...
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.