L'utilisation du paiement par empreintes digitales tend à se généraliser en Inde
L'Inde s'est lancée fin décembre 2016 dans le paiement biométrique. De plus en plus de commerces sont aujourd'hui équipés d'un lecteur d'empreintes et les autorités ont décidé de rendre l'utilisation de la carte biométrique obligatoire pour ouvrir de nouveaux comptes en banque, en dépit des risques soulevés.
L'Inde s'est lancée fin décembre 2016 dans le paiement biométrique. De plus en plus de commerces sont aujourd'hui équipés d'un lecteur d'empreintes et les autorités ont décidé de rendre l'utilisation de la carte biométrique obligatoire pour ouvrir de nouveaux comptes en banque, en dépit des risques soulevés par des experts en cybersécurité.
Moins de liquidité, plus de rapidité
Vivek Kumar, le front marqué d'un signe religieux hindou, se tient droit derrière le comptoir de sa papeterie située dans un quartier populaire du sud-est de New Delhi. Un client régulier vient faire un achat. Au moment de payer, pas besoin de liquide ou de carte bancaire, il pose seulement son doigt sur un lecteur d'empreinte. Deux secondes après, un son confirme la transaction. "J'ai entre 50 et 60 clients par jour qui utilisent ce système. Je ne paie pas de charge supplémentaire et cela réduit le liquide. Jusqu'à présent, nous n'avons pas eu de problème", affirme le commerçant, visiblement satisfait du système.
La banque IDFC fournit depuis deux mois ce lecteur construit par l'entreprise française Safran. Il permet à une personne de réaliser des paiements, à condition d'avoir fourni à sa banque son numéro de carte d'identité biométrique Aadhaar. "On est toujours un peu réticent à donner son empreinte, on ne sait pas comment ce système fonctionne et si on va nous retirer plus d'argent que prévu", reconnaît Gaurav, le client de la papeterie, convaincu lui aussi par le système malgré tout. "Ce qui est rassurant, c'est qu'on reçoit un message sur son portable pour nous confirmer la somme. Cela est satisfaisant", juge-t-il.
Les données biométriques sont "irrévocables"
IDFC a également donné au commerçant une tablette qui lui servira bientôt à ouvrir des comptes, recevoir des dépôts ou autoriser des retraits au nom la banque en échange d'une petite commission. Le tout, grâce à ce lecteur biométrique. Toutefois, l'adoption rapide de cette technologie alarme beaucoup d'experts en cyber sécurité, comme Sunil Abraham, directeur du Centre pour l'internet et la société, basé à Bangalore. "La biométrie réduit fortement le niveau de sécurité, car c'est facile de voler ces données et de les utiliser sans votre accord. Je peux utiliser une caméra de haute résolution pour capturer et répliquer vos empreintes ou votre iris. Et ces données sont irrévocables", prévient-il. "Le compte en banque de ma femme a par exemple été vidé. Nous avons immédiatement désactivé sa carte bancaire et elle ne peut plus être utilisée. Avec le système Aadhaar, on peut suspendre l'utilisation des données biométriques, mais il est impossible de les révoquer", poursuit l’expert. Le gouvernement, lui, nie l'importance de ces risques. Il a d’ailleurs décidé de rendre l'utilisation de la carte biométrique obligatoire pour ouvrir de nouveaux comptes en banque.
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