Intervention en Syrie : la classe politique divisée, la société civile opposée
François Hollande a annoncé, mardi que la France allait "accroître son soutien à l'opposition syrienne", évoquant pour la première fois une "guerre civile" qui "menace aujourd'hui la paix du monde."
> L'intervention en Syrie en trois questions
Les premières réactions n'ont pas tardé, illustrant la division de la classe politique sur le sujet.
PS et UMP plutôt favorables
Le PS et l'UMP, principal parti d'opposition ont soutenu la décision du président français. Comme prévu, le porte-parole du parti socialiste David Assouline a déclaré que "le massacre commis à l'arme chimique (...) ne pouvait pas rester sans réactionde la communauté internationale ". Il a également ajouté que le PS soutenait "tous les efforts du président de la République pour que cette réaction soit à la hauteur de la ligne rouge qui a été franchie dès que les faits seront officiellement établis par l'inspection de l'ONU ".
L'UMP s'est montrée plus partagée sur le sujet. Dans un texte intitulé "L'innomable" et publié sur son blog, l'ancien ministre des Affaires étrangères Alain Juppé a appelé à "s'affranchir des blocages" qui persistent au sein du Conseil de sécurité de l'ONU pour "aider militairement la résistance syrienne". De son côté, l'ancien premier ministre François Fillon continue de souhaiter une solution diplomatique soutenue par la Russie (Moscou est contre l'intervention en Syrie). "L a seule façon d'obtenir réellement la fin des combats, c'est d'obtenir des Russes qu'ils forcent Bachar Al-Assad à venir à la table des négociations", a expliqué François Fillon.
Europe-Ecologie-Les-Verts s'est également montré favorable à l'intervention. Dans déclaration commune co-signée par Pascal Durand, porte-parole d'EELV, et Mounzer Makhous, représentant de la Coalition syrienne en France, les écologistes ont demandé à la France et à l'UE de "protéger les populations civiles ". "En Syrie, ne rien faire, c'est cautionner le massacre sinon il s'agit de non-assistance à personne en danger ! " peut-on lire dans le communiqué.
Front de gauche et Front national farouchement opposés
"Ce serait une erreur gigantesque, peut-être le seuil d'une guerre beaucoup plus large que toutes celles que nous avons vues dans cette région." "Prenez tous le temps du sang-froid ", a recommandé Jean-Luc Mélenchon. "Il ne faut pas faire cette guerre ", accusant particulièrement les Américains "d'utiliser n'importe quel argument pour justifier une intervention militaire ".
Dans un communiqué publié mardi soir et titré "Syrie : Hollande choisit les islamistes ", la présidente du Front national, Marine Le Pen, écrit que "c'est une décision précipitée, fondée sur des supputations (...) mais c'est surtout une décision qui sera très lourde de conséquences dramatiques". Pour Marine Le Pen, "la charia, la persécution des Français de Syrie, voici ce qui attend ce pays si les Etats-Unis et la France interviennent".
Nicolas Dupont-Aignan, président du parti "Debout la République", a lui demandé un débat à l'Assemblée Nationale à propos de l'intervention en Syrie. "C'est du grand n'importe quoi !", a-t-il affirmé sur son blog, dans un communiqué intitulé "Syrie : la France manipulée ".
Les réseaux sociaux fermement contre l'intervention
Pétitions, appels à manifester, critiques en ligne... Des internautes de tous les pays se sont mobilisés pour exprimer leur refus de la guerre.
Sur le Twitter français, les internautes rejettent l'hypothèse de l'intervention. Le hashtag (mot-dièse) #NonALaGuerreEnSyrie est très rapidement devenu un des sujets les plus partagés. En seulement une journée, il a été utilisé 16.800 fois. A contrario, le hashtag #OuiALaGuerreEnSyrie a lui été utilisé... 102 fois.
Aux États-Unis, une pétition contre la guerre s'adressant au président Barack Obama et aux membres du Congrès a recueilli près de 8 000 signatures en moins d'un mois. En France, une pétition opposée à l'intervention a elle aussi été mise en ligne.
D'autant que le dernier sondage en date, en France, date du 29 mai 2013. Il s'agissait d'un sondage CSA/BFMTV, qui illustrait l'éclatement de l'opinion française sur le sujet.
Les Français partagés sur lintervention en Syrie | InfographicsUn mois plus tôt, [un sondage Ifop/Atlantico indiquait que 59% des Français soutenaient](http://www.atlantico.fr/decryptage/59-francais-soutiennent-intervention-internationale-en-syrie-mais-pas-engagement-france-avons-deja-paye-tribut-suffisant-stabili-719009.html) une intervention internationale en Syrie mais pas un engagement de la France. A l'étranger, les opinions sont sensiblement les mêmes. Selon un sondage Reuters/Ipsos, quelque 60 % des Américains se disent hostiles à une intervention des États-Unis en Syrie même si les allégations d'attaque chimique par le régime de Damas étaient avérées. En Grande-Bretagne, c'est encore pire. Selon un sondage réalisé par le journal The Telegraph, 74 % des Anglais se disent contre toute intervention militaire en Syrie. A Londres, une manifestation pacifique est par ailleurs prévue aujourd'hui.
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