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Coupe du monde 2022 : Iran- États-Unis le "remake" toujours aussi politique du match de 1998

C’est le match le plus politique de la compétition, comme lors de la Coupe du monde 98, l'Iran affronte les États-Unis dans ce Mondial au Qatar. Chaque jour, dans le monde est foot, Jean-Marc Four donne un coup de projecteur sur les liens entre politique et ballon rond.

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le stade Al-Thumama de Doha, avant la rencontre entre l'Iran et les Etats-Unis, le 29 novembre 2022 (KIRILL KUDRYAVTSEV / AFP)

On connait les relations entre l'Iran et les États-Unis. Et ça a démarré fort dès dimanche 27 novembre. La fédération américaine de football, sur les réseaux sociaux, a utilisé une image du drapeau iranien amputé du sigle "Allah" au milieu de ces trois bandes verte, blanche et rouge. Explication de la fédération : c’est une façon de rendre hommage au combat des femmes en Iran depuis deux mois. S'en est suivi un commentaire immédiatement outragé de la fédération iranienne qui réclame des sanctions à la Fifa. Les médias proches du pouvoir iranien vont plus loin en demandant dix matchs de suspension contre les États-Unis.

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L’affaire semble rentrer dans l’ordre, d’autant que sur le site officiel de la fédération américaine, le drapeau iranien s’affiche bien dans sa version officielle et complète. En plus de l’enjeu sportif, les deux équipes jouent leur qualification mardi 29 novembre pour les huitièmes de finale de la Coupe du monde, un stade de la compétition que l'Iran n'a encore jamais atteint, c’est le match le plus politique de la compétition. À fortiori avec cet arrière plan des manifestations en Iran. Lors de leur premier match, les footballeurs iraniens n’avaient pas chanté l’hymne national, en soutien implicite aux manifestants. Plus globalement les relations sont toujours très tendues entre les deux pays depuis en fait plus de 40 ans et la prise d’otages à l’ambassade américaine à Téhéran lors de la révolution islamique. Et depuis aussi la rupture de l’accord sur le nucléaire iranien par Donald Trump.  

@franceinfo Tu sais pourquoi le match Iran / États-Unis est politique ? #coupedumonde #Qatar #Iran #EtatsUnis #usa ♬ son original - Franceinfo

Une image de paix lors de la rencontre de 1998

Cette affiche opposant l'Iran aux États-Unis s’est déjà présentée une fois, c’était en France en 1998 ! Le hasard est taquin. En 1998, lors de la Coupe du monde en France, l’Iran s’impose 2 buts à 1 dans le stade Gerland à Lyon, en grande partie acquis à la cause des Iraniens en raison de la présence de 7000 supporters iraniens dans les tribunes. Mais la soirée est alors marquée par un fait extra-sportif : alors que le match s’était préparé dans une ambiance de tension politique, les deux équipes prennent l’initiative de renvoyer une image de paix, de réconciliation.

Juste avant le coup d’envoi, en rupture complète du protocole, les footballeurs iraniens offrent des fleurs blanches à leurs adversaires américains. Dans la foulée, les deux équipes posent pour la photo, bras dessus bras dessous, en se mélangeant entre les Iraniens, en rouge, et les Américains, en blanc. Un Suisse arbitre la rencontre, tout un symbole. C’est une pointure, Urs Meier. Il dira après : "Je me souviendrai de ce match toute ma vie."  Aucun incident n’est à déplorer. Les tireurs d’élite disposés par sécurité sur le toit du stade passent une soirée tranquille. Seul autre fait marquant durant cette rencontre, les supporter iraniens, pour la plupart des dissidents exilés déploient des banderoles hostiles au régime islamique de Téhéran.

Aucune évolution dans les relations entre les deux pays  

Donc au bout du compte un match de foot normal à l’époque. Sauf qu’entre l’Iran et les États-Unis, la politique reprend toujours ses droits ! La victoire de l’Iran, c’est alors une première pour le pays dans une phase finale de Coupe du monde, déclenche des scènes de liesse à Téhéran. "Notre adversaire puissant et arrogant a senti le goût amer de la défaite", ne peut s'empêcher de déclarer le Guide suprême de la révolution islamique, l’ayatollah Khamenei. D’autres dirigeants iraniens se montrent plus modérés. La cheffe de la diplomatie américaine de l’époque, Madeleine Albright, esquisse même une main tendue en disant : "On pourrait envisager entre nous des relations différentes". Mais rien ne se passera dans la foulée. Probable que ce soit la même chose cette fois encore. Ça ne changera sans doute rien cette fois-ci non plus, mais on va quand même guetter les signes.     

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