Iran: la corde au cou, il échappe à la peine de mort...
Cette dernière s’est contentée de le gifler avant de lui accorder sa grâce, comme le permet la loi iranienne. Tandis que son mari lui a retiré la corde. Participait à la scène une foule venue assister à l’exécution, comme c’est la coutume en Iran.
En 2007, Balal, le condamné à mort âgé d’une vingtaine d’années, «avait poignardé Abdollah Hosseinzadeh au cours d’une bagarre de rue dans la petite ville de Royan dans la province de Mazandaran (nord)», raconte le Guardian.
Selon la charia, la famille d’une victime participe à l’exécution du condamné et va jusqu’à pousser la chaise sur laquelle ce dernier est placé, la corde au cou, avant d'être pendu. C’est donc elle qui, littéralement, lui donne la mort. Mais dans le cas précis, ce n’est pas ce scénario qui s’est produit. La mère de la victime, en larmes, a serré celle de l’accusé dans ses bras, elle aussi en pleurs.
La foule «a chaleureusement applaudi» l’attitude de la famille, rapporte un blog du Monde. «L’affaire est d’autant plus extraordinaire que la mère d’Abdollah avait déjà perdu un fils, plus jeune, tué dans un accident de moto alors qu’il avait 11 ans», souligne le Guardian.
Apparemment, la famille de la victime n’était pas favorable à l’exécution. Selon M.Hosseinzadeh, Balal était «un naïf sans expérience», qui, au cours de la bagarre aurait sorti un couteau, sans savoir s’en servir. Il a par ailleurs raconté que sa femme avait récemment fait un rêve dans lequel Abdollah «lui disait que son frère et lui se trouvaient en lieu sûr et qu’il ne fallait pas qu’elle se venge».
L’affaire avait également soulevé un mouvement d’opinion. Selon le blog du Monde, de nombreux Iraniens, dont des célébrités, s’étaient mobilisés notamment via Facebook pour obtenir la grâce.
Petit élément dont on peut estimer qu’il vient ternir le geste de clémence : la famille aurait accepté de gracier le condamné «en échange de 350 millions de tomans (87.000 euros)», rapporte Le Monde. Elle voulait juste que ce dernier n’en sache rien et «qu’il se sente ‘‘près de la mort" avant d’être pardonné».
L’argent a été réuni par souscription. M.Hosseingzadeh a «fait part de son intention de (l’)utiliser pour construire une école à la mémoire de son fils».
De son côté, même gracié, Balal ne sera pas forcément libéré. Car, «selon la loi iranienne, la famille de la victime a son mot à dire sur l’exécution d’un condamné, pas sur la peine de prison», précise The Guardian.
Avec 369 exécutions en 2013, rapporte Amnesty International, la République islamique détient un record mondial en matière d’exécutions, avec la Chine et l’Irak. Mais selon l’ONG, le chiffre de 704 serait plus vraisemblable : des centaines de personnes seraient exécutées en secret.
A voir absolument : l’extraordinaire série de photos d’Arash Khamooshi, publié sur le site d’Isna (Iranian Students’s News Agency) racontant toute l’histoire.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.