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Iran : "Nous avons peur, mais nous espérons", confie un manifestant après douze jours de répression violente

Alors que les manifestations continuent en Iran, la répression ne faiblit pas non plus, et 75 personnes ont été tuées selon une ONG. Rien qui ne fait redescendre la colère des Iraniens, à l'image d'Ali.

Article rédigé par franceinfo - Faustine Calmel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des manifestants dans le centre-ville de Téhéran, le 21 septembre 2022.  (AFP)

La répression et les violences ne font pas taire les manifestants en Iran. Signe que la colère ne retombe pas, pour la douzième nuit consécutive, les Iraniens étaient dans la rue, mardi 27 septembre au soir. Et pour la douzième fois, les autorités ont violemment réprimé ces manifestations. Depuis le début du mouvement, plus de 1 200 personnes ont été arrêtées, des dizaines ont été tuées, plus de dix jours après la mort de Mahsa Amini, Iranienne de 22 ans, morte après son arrestation par la police des mœurs pour non-respect du code vestimentaire. 

>> En Iran, les manifestants ne cessent de descendre dans la rue alors que "le gouvernement continue à tuer des gens"

Ali est dans la rue depuis dix jours. Ce jeune Iranien fait partie de ceux qui ont suivi des études supérieures et qui regardent vers l'Occident. En 2009, il était dans la rue, opposé à la réélection du très conservateur Mahmoud Ahmadinejad, président de 2005 à 2013. À l'époque, déjà, il réclamait plus de libertés. Aujourd'hui, malgré les violences, il reprend les slogans contre les autorités religieuses. 

"Ils répriment avec fureur la protestation. Le but principal de frapper ainsi les gens, c'est d'instiller la peur."

Ali

à franceinfo

Ali a expérimenté la répression policière. Un jour, "dans la manifestation, j'ai entendu un grand bruit, raconte-t-il, je suis parti en courant, et là, ils m'ont tiré dans le bras avec des balles en caoutchouc". "Le jour suivant, ils ont commencé à utiliser des fuils à balles réelles", se souvient-il. Et cette répression ne devrait pas se calmer. La police iranienne affirme, mercredi 28 septembre, qu'elle s'opposera "de toute sa force" aux manifestants. 

Un appel à l'aide au reste du monde

75 personnes sont décédées dans ces affrontements, selon une ONG en exil. Parmi elles, se trouvent six femmes et quatre enfants. Malgré cette violence qui perdure, les cris de "à bas le dictateur" continuent de résonner à la nuit tombée dans les rues iraniennes. Des cris auxquels se mêle la voix d'Ali. "Nous sommes aux prises avec des sentiments contradictoires, confie-t-il. Bien sûr, nous avons peur, mais nous espérons aussi, et nous sommes confiants."

Il en appelle aussi à la communauté internationale pour soutenir concrètement le peuple iranien. "Il ne faut pas que le monde se contente de nous regarder !, lance-t-il. S'il vous plaît, portez la voix du peuple iranien, faites pression sur la République islamique et isolez ce régime." Pour l'instant, le Canada est le seul pays qui a annoncé des sanctions contre une dizaine de responsables iraniens, ainsi que contre la police des mœurs

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