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Iran : qui sont les Moudjahidine, accusés par Hassan Rohani de piloter les contestations depuis la France ?

Les Moudjahidine du peuple, opposants politiques au régime iranien, appellent à des rassemblements contre le pouvoir en place, à Paris, jeudi. Depuis fin décembre, le pays est plongé dans une vague de contestation contre la situation économique du pays.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des personnes manifestent à Bruxelles, le 3 janvier 2018, en soutien aux Iraniens qui protestent dans leur pays.  (THIERRY ROGE / BELGA / AFP)

Depuis jeudi 28 décembre, une vague de contestation secoue l'Iran, sur fond malaise économique. Progressivement, le mouvement a pris une tournure politique en dénonçant les orientations du président, Hassan Rohani, et celles du Guide suprême, Ali Khamenei. Selon le régime, l’opposition iranienne de l’étranger alimente cette contestation.

Hassan Rohani a plus précisément visé l'organisation des Moudjahidine du peuple iranien, qui s'est installée en France dans les années 1980. Le président de la République islamique d'Iran a demandé mardi 2 janvier à Emmanuel Macron d’agir contre cette organisation qu’il qualifie de "terroriste". Jeudi, les Moudjahidine organisent des rassemblement contre le pouvoir iranien à Paris, Londres ou Bruxelles. franceinfo décrypte qui sont ces opposants à la réputation sulfureuse. 

Leur objectif : renverser le régime

Les Moudjahidine ne s'en cachent pas : ils veulent la chute du régime. Ces opposants se présentent comme des résistants démocrates face à une dictature.
Quand ils naissent, dans les années 1960, leur objectif est de faire tomber le chah d’Iran. Après la Révolution islamique de 1979, ils se fixeront ensuite comme objectif de renverser le régime des mollahs. À l'époque, ils sont arrêtés, exécutés et une partie d'entre eux trouvent refuge en France. 

Celle qui les dirige aujourd’hui est une femme au regard bleu acier qui porte un voile islamique assorti. Elle s’appelle Maryam Radjavi et, chaque année, au grand meeting de l’organisation, elle interpelle les dirigeants occidentaux. "Inscrivez les Gardiens de la révolution sur la liste des organisations terroristes ! Traînez en justice Khamenei et les autres dirigeants de ce régime pour leurs violations des droits humains, leurs crimes contre l'humanité et leurs crimes de guerre dans la région !", réclamait ainsi la chef de file de ces opposants politiques, en juillet 2017.

Leur fonctionnement : opaque

Le fonctionnement des Moudjahidine du peuple est extrêmement opaque. On ne sait pas combien ils sont ou qui les finance, par exemple. "Le mouvement a toutes les allures d'une secte du type 'Temple du soleil'", affirme François Nicoullaud, ancien ambassadeur de France en Iran. Il dénonce notamment "un culte de la personnalité assez délirant, le contrôle de la sexualité et des heures de sommeil de ses membres ainsi que l'invitation qui a été faite à certains d'entre eux de s'immoler." Quand Maryam Radjavi a été arrêtée par la police française, certains Moudjahidine se sont immolés par le feu. 

"Ces gestes démontrent la dérive sectaire d'un mouvement qui, au départ, n'avait rien de cela et qui est ensuite entré en guerre à mort contre le régime", estime François Nicoullaud. "Délire !", répond Afchine Alavi, porte-parole des Moudjahidine du peuple en France. "Toutes ces accusations de secte et de culte de la personnalité sont fabriquées par le régime iranien pour discréditer sa principale opposition."

Les Moudjahidine se sont surtout engagés dans la lutte armée, avec plusieurs attentats meurtriers contre les symboles du pouvoir iranien. Ils ne sont sortis de la liste des organisations terroristes de l’Union européenne qu’en 2009 et de celle des Etats-Unis en 2012.

Leur influence en Iran : difficile à mesurer

Aujourd'hui, les Moudjahidine veulent améliorer leur réputation et paraître respectables. Ils ont donc entamé une grosse activité de lobbying pour redorer leur image à l’étranger. Ils se défendent aussi d’avoir organisé la révolte de ces derniers jours. "C'est de l'intérieur de l'Iran que cela se passe, assure Afchine Alavi, un des porte-parole du mouvement. Ce que nous pouvons faire, c'est relayer l'information et les revendications ainsi qu'interpeller les Etats et les gouvernements pour qu'ils cessent d'être complaisants à l'égard d'un régime qui continue à réprimer son peuple."

Il est cependant difficile de jauger leur popularité à l’intérieur de l’Iran. "Ne gonflons pas leur importance", nuance Thierry coville, chercheur à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). "Les présenter comme une alternative à la république islamique d'Iran n'a ni sens ni crédibilité", met-il en garde.

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