La très contestée Ayelet Shaked, nouvelle ministre de la Justice de Netanyahu
Ayelet Shaked, la nouvelle ministre israélienne de la Justice, concentre déjà sur elle les critiques les plus virulentes à cause de ses déclarations anti-palestiniennes et de ses projets de réformes dénoncés comme antidémocratiques, notamment vis-à-vis de la Cour suprême israélienne.
Pourtant, la nouvelle ministre ne peut se résumer à ces critiques. Femme dans un milieu d'hommes, laïque dans un camp où les religieux dominent, Ayelet Shaked a su s'imposer. Informaticienne de 39 ans, mariée à un pilote de chasse et mère de deux jeunes enfants, Ayelet Shaked fait la une des médias du monde entier. Pas seulement en raison de ses qualités photogéniques mais aussi en raison du rôle clef que le chef du «foyer juif» Naftali Bennett lui a obtenu dans le gouvernement de Netanyahu. La nouvelle ministre a en effet pour ambition de réformer la Cour suprême. A ce poste, elle aurait aussi la main sur la nomination de certains juges.
Meet Ayelet Shaked, who has been called the Michele Bachmann of Israeli politics http://t.co/MMjwDdMDY9 pic.twitter.com/B6Tx74t3T6
— New York Times World (@nytimesworld) May 17, 2015
Mais le débat sur sa personnalité va plus loin. «Cette députée cristallise à elle seule toutes les peurs, toutes les appréhensions et toutes les colères de la communauté internationale, des Palestiniens et de la gauche israélienne», note le journal libanais L'Orient le Jour.
«Les petits serpents»
Ayelet Shaked, dont le père d'origine irakienne, né en Iran, ne vit pas dans une colonie mais dans la très libérale Tel Aviv. Elle est laïque et se dit féministe, ce qui n'est pas si courant dans la droite israélienne. Dans un portrait d'elle, réalisé par la chaîne israélienne i24, elle rend d'ailleurs hommage à l’aide que son mari lui apporte pour mener sa carrière politique.
Fort logiquement, vu son engagement, elle défend les idées des partis de la droite et de l'extrême-droite israélienne. Pour Mme Shaked, la chose principale est de «renforcer l'identité juive» d'Israël, «d'avoir un Etat fort juif démocratique», rappelle le portrait qu'en fait le New York Times. Elle défend l’annexion de la Cisjordanie, l’éviction des demandeurs d’asile africains, la révision à la baisse des pouvoirs de la Cour suprême, un projet de loi sur la nationalité «que beaucoup considèrent comme privant de leurs droits la minorité arabe israélienne, soit quelque 20% de la population».
Mais ce sont les propos qu'on lui prête sur les Palestiniens qui ont fait scandale. Elle avait été au cœur de la polémique en 2014, lors de la guerre de Gaza, après avoir posté sur sa page Facebook un article écrit en 2002 qualifiant les Palestiniens de «serpents». «Ce sont tous des combattants ennemis, et leur sang devrait leur retomber sur la tête. Cela inclut également les mères de martyrs, qui les envoient en enfer avec des fleurs et des baisers. Elles devraient suivre leurs fils, rien ne serait plus juste. Elles devraient partir, tout comme les maisons dans lesquelles elles ont élevé les serpents. Sinon, d'autres petits serpents y seront éduqués», disait l'article qu'elle aurait repris sur son site, selon L'Orient le Jour.
«Peu importe qu'elle soit belle, Ayelet Shaked est dangereuse»
Elle a tenté de se défendre en affirmant que ses propos avaient été sortis de leur contexte. Elle a publié une tribune en ce sens. Mais sur les réseaux sociaux, le mal était fait. Elle fit l'objet de caricatures sur Twitter et Erdogan, le président turc, l'a comparée à Hitler...
Devenue ministre d'un gouvernement qui ne tient qu'à une voix de majorité, Ayelet Shaked, qui connaît bien Netanyahu (elle fut son directeur de cabinet de 2006 à 2008), adaptera-t-elle ses propos à ses nouvelles fonctions ? Rien n'est moins sûr, car comme dit le journal américain Foreign Policy, elle fait paraître Netanyahu comme un libéral. Comme titrait le journal israélien de gauche Haaretz, «peu importe qu'elle soit belle, Ayelet Shaked est dangereuse.»
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