Reportage "On ne sort presque plus de la maison" : à Haïfa, les Israéliens vivent sous le feu des roquettes du Hezbollah

Selon l’armée de l’État hébreu, plus de 300 roquettes ont visé Israël mercredi et plus de 3 000 en deux semaines et demie. Si la plupart sont détruites en vol, plusieurs ont touché Haïfa, troisième ville du pays, située à une quarantaine de kilomètres de la frontière libanaise.
Article rédigé par Jérôme Jadot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des Israéliens regardent le ciel alors que des missiles tirés depuis le Liban sont interceptés par le système de défense israélien au-dessus de la ville de Haïfa, le 9 octobre 2024. (MENAHEM KAHANA / AFP)

De l'extérieur, l'annexe de la mairie d'Haïfa est en apparence quelconque, mais l’essentiel est ici invisible : quatre niveaux sous-terrain pour abriter les activités municipales les plus importantes. "Je vis maintenant sous la terre et je ne fais plus mon travail, explique le maire. Je ne développe pas ma ville. Je ne fais que veiller sur elle."

Une veille qui s’opère notamment depuis un PC sécurité avec écrans géants pour scruter toute la ville. "On a des centaines de caméras de vidéosurveillance, détaille Eliran Tal, porte-parole de la municipalité. Et si une roquette frappe Haïfa, on peut voir quel endroit est endommagé, et envoyer des forces sur place."

Et cette semaine, il a fallu intervenir dans plusieurs lieux pour des roquettes non interceptées par la défense anti-aérienne ou des débris de projectile. Le quartier où habite Aliza a été touché. Depuis son balcon bien abîmé, la retraitée nous montre le cratère formé au pied de son immeuble deux jours plus tôt. "Tu vois la zone grise, là où c’est brûlé ? Je dormais dans la chambre à coucher, mon mari regardait le foot. On a reçu l’alerte et on a couru dans la chambre qui sert d’abri. Quelques minutes après, on a entendu un 'boum' fort."

Une crainte omniprésente

Plusieurs fenêtres de l’appartement ont volé en éclat. Dans la rue, des assureurs s’affairent encore autour des voitures endommagées. "Ce ne sont que des dégâts matériels, ça peut toujours se réparer", relativise Aliza. Mais plus au nord, dans la ville de Kiryat Shmona, deux habitants ont été fauchés par un tir de roquette mercredi 9 octobre. Cela faisait plus de deux mois que les engins du Hezbollah n’avaient plus tué de civil. Pour Sivan, mère de famille à Haïfa, la crainte est omniprésente : "On ne sort presque plus de la maison. Les enfants font l’école en distanciel. Mardi, je me suis enfin décidée à sortir. Il a commencé à y avoir des alertes et les missiles ont explosé au-dessus de nos têtes. Ça fait très peur."

Et pour que cela s’arrête, Sivan compte sur l’offensive israélienne en cours. "Plus l’offensive avance au Liban, plus on reçoit de missiles, explique-t-elle. Mais on est prêt à subir ça transitoirement. On veut changer la donne, pour que ça s’améliore." Quelques minutes plus tard, plusieurs explosions sourdes résonnent encore dans le ciel d’Haïfa. Un nouveau tir de roquette fait trois blessés légers dans un autre quartier.

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