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Après l'effondrement du pont Morandi, Gênes s'inquiète pour son port

Le pont qui s'est effondré était un axe stratégique, emprunté chaque jour par 60 000 voitures et 5 000 camions.

Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue - édité par Julien Pasqualini
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le port de Gênes est l'un des plus importants d'Europe. (SANDRINE ETOA-ANDEGUE / RADIO FRANCE)

Après l'effondrement du pont Morandi à Gênes (Italie) le 14 août 2018, de sérieux problèmes logistiques sont à craindre pour le port de la ville, qui est l'un des plus importants de Méditerranée, selon les autorités. Le viaduc autoroutier était en effet un axe stratégique très emprunté dont dépendait l'activité portuaire. Son effondrement oblige les automobilistes à prendre des déviations qui rallongent le trajet de 150 km.

"C'est le point d'entrée vers le centre-ville, pour ceux qui travaillent, pour les poids lourds, pour nous tous", explique Enzo, un Gênois rencontré près du pont. 

Le pont, c'est le poumon de la ville et ça va être compliqué. Surtout à la rentrée, la circulation dans le centre-ville déjà très dense va vite devenir un enfer

Enzo, un Gênois

à franceinfo

Environ 60 000 véhicules empruntaient le pont chaque jour, et plus de 5 000 camions de marchandises, qui se rendaient au port de Gênes ou qui en partaient. Certains dockers craignent que le premier port industriel et commercial d'Italie ne perde en compétitivité, et cherchent une solution.

"Le vrai problème, c'est le transfert de marchandises de l'est à l'ouest de Gênes, c'est sans doute là que nous aurons les plus grandes difficultés", estime Luigi Cianci, représentant du syndicat CGIL. "On va essayer de maintenir la compétitivité du port, en augmentant la part du travail de nuit. Ça pourrait être une vraie solution pour éviter que la circulation des camions ne s'ajoute aux trajets quotidiens des habitants."

Plus optimiste, Gianlucca tente de se rassurer. Le port de Gênes et ses 25 terminaux sont incontournables. "En Europe, Gênes est un port extrêmement important, parce que c'est l'un des deux derniers de la route de la soie maritime", affirme-t-il. "Plutôt que d'envisager que notre port perde son rang, ce qui selon moi n'arrivera pas, les entrepreneurs internationaux devraient garder en tête que Gênes est un embranchement pour le sud de la France, mais aussi pour la Suisse et le bassin allemand, qui est très stratégique. Après on espère que si besoin, l'Europe nous soutiendra. Enfin on verra."

"On n'a pas de temps à perdre"

L'urgence pour le ministère des Transports et la ville, c'est de trouver des alternatives à l'axe stratégique qu'était le pont. Autostrade, la société concessionnaire sur la sellette, dit qu'elle peut le détruire et le reconstruire en huit mois. Simonetta Cienci, adjointe au maire en charge de l'urbanisme, est plus que sceptique. "C'est impossible de reconstruire un pont en huit mois", assure-t-elle. "Je suis architecte, je travaille avec des ingénieurs tous les jours, c'est impossible. D'autant plus que sous ce pont, il y a des habitations et que ça veut dire qu'il faut d'abord les démolir. Pour être réaliste, il faut deux ans."

A la mairie de Gênes, c'est son collègue Enrico Musso, en charge de la mobilité, qui va devoir trouver des solutions. "D'un côté il faut résoudre le problème urgent de la mobilité de la ville, elle est maintenant séparée en deux blocs, explique-t-il, et il faut s'assurer que le trafic pour le port ait le même degré d'efficacité qu'avant, sinon lce sont d'autres ports qui seront choisis, et ça va être la catastrophe économique pour la ville. On n'a pas de temps à perdre."

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