En Italie, le débat sur l'acquisition de la nationalité relancé après les performances des athlètes transalpins aux JO de Paris

Actuellement, en Italie, c'est le droit du sang qui prévaut pour obtenir la nationalité. Mais depuis les JO, le parti de droite Forza Italia propose un système grâce auquel la citoyenneté pourrait s'obtenir lorsqu'un enfant a été scolarisé pendant au moins cinq ans en Italie.
Article rédigé par Bruno Duvic - Aurore Richard
Radio France
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Deux passeports italiens (illustration). (FCAFOTODIGITAL / GETTY IMAGES)

Forza Italia, le parti fondé par Silvio Berlusconi et qui fait partie de la coalition majoritaire de droite et d'extrême droite, remet sur la table ce qu'on pourrait appeler le "droit du stylo". L'expression latine, utilisée par les juristes, est lus scholae. Il s'agirait d'accorder la citoyenneté italienne à des enfants nés en Italie de parents étrangers ou arrivés dans le pays avant l'âge de 12 ans dès lors qu'ils ont été scolarisés au moins cinq ans sans interruption en Italie. Aujourd'hui, c'est le droit du sang qui s'applique dans ce pays. Celui qui est né en Italie de parents étrangers doit lui attendre ses 18 ans pour obtenir la nationalité, à condition d'avoir vécu tout ce temps dans le pays. 

Cette idée du lus scholae n'est pas nouvelle. Celle-ci et le débat sur l'acquisition de la citoyenneté ressurgissent en Italie en cette mi-août, en lien avec les Jeux olympiques de Paris 2024. Les Italiens ont vu briller des compatriotes nés de parents étrangers, à l'image des volleyeuses-stars et désormais championnes olympiques : Paola Egonu, dont les parents sont originaires du Nigeria et Myriam Sylla, née de parents ivoriens. La gauche, qui plaide de son côté depuis des années pour le droit du sol, a donc voulu relancer le débat. Et elle a reçu un écho d'une partie de la majorité avec le lus scholae

"Nous sommes absolument opposés, nous l'avons toujours dit et nous le réitérons, au droit du sol proposé par la gauche, a déclaré Raffaele Nevi, porte-parole de Forza Italia, au Quotidiano Nazionale. Nous estimons que la citoyenneté doit se gagner par le chemin de l'école. Silvio Berlusconi en était convaincu et nous le sommes encore".

"L'école favorise l'intégration des étrangers car elle permet d'intérioriser le respect des valeurs de notre pays".

Rafaelle Nevi, porte-parole de Forza Italia

dans "Quotidiano Nazionale"

Antonio Tajani, ministre des Affaires étrangères et dirigeant de Forza Italia a aussi déclaré : "Il n'y a pas d'Italien de série A ou de série B [...] La force de notre pays vient aussi de notre capacité à intégrer des personnes étrangères". "Le 'lus scholae' n'est pas un virage à gauche, indique-t-il, tout précisant être contre l'idée d'accorder la citoyenneté "à tout le monde" et en rappelant la nécessité de lutter contre l'immigration clandestine. 

Par ce point de vue, Forza Italia se distingue, et c'est nouveau, au sein de la coalition gouvernementale, notamment de la Ligue et du parti de Giorgia Meloni, Fratelli d'Italia. La Première ministre tient en effet à conserver le "droit du sang" et elle s'oppose au "droit du stylo". Fratelli d'Italia qui reste assez silencieux sur le sujet, à l'inverse de la Ligue.

La Ligue furieuse contre Forza Italia

Le parti de Matteo Salvini a en effet réagi à la proposition de son allié, Forza Italia en produisant une note accompagnée d'un photomontage. On y voit, côte-à-côte, le visage du leader de Forza Italia, Antonio Tajani et celui de la secrétaire du Parti démocrate, Elly Schlein, comme pour accuser ses partenaires de la majorité de compromission avec la gauche. Le message disait : "La loi sur la citoyenneté est bien telle qu'elle est. Il n'y a pas besoin de droit du sol ou de raccourcis"

Par ailleurs, au début de l'été, la fille de Silvio Berlusconi avait dit être plus souvent d'accord avec la gauche qu'avec le gouvernement sur les droits civils. Elle a manifestement été entendue à Forza Italia. Reste à savoir si ce débat survivra à l'été pour être relancé au Parlement à la rentrée. 

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