Italie : la longue et difficile "guerre" contre la mafia
Grand format sur les biens saisis de la mafia dans le Grand Soir 3 : 4 milliards d'euros de biens confisqués en Europe, dont 457 millions en France.
Le 23 mai 1992, l'avocat et administrateur de biens Sergio Russo raconte avoir vu passer la voiture de Giovanni Falcone et son escorte juste avant que son véhicule n'explose sur un pont. La mafia avait tué son ennemi n°1. C'est ce juge qui le premier a osé toucher au portefeuille des mafieux : saisir une maison de Cosa Nostra en 1980 à une époque où la mafia bétonne Palerme (Sicile).
Sergio Russo, tout jeune avocat, décide alors de consacrer sa vie à cette bataille. L'État gère désormais un hôtel saisi à la mafia il y a 20 ans, dans le quartier où vivaient les commanditaires de l'assassinat du juge Falcone. Un administrateur judiciaire est là pour protéger les emplois et éviter que l'hôtel ne retombe entre les mains de la mafia. Une bataille de la légalité difficile dans un quartier sous influence mafieuse. "La mafia ne gouverne pas Palerme. Elle existe toujours, mais n'est plus qu'un morceau criminel de la mosaïque qui compose la ville", explique le maire.
Plus de 100 milliards d'euros d'argent sale par an
Direction Trapani où l'État a réussi à confisquer à la mafia une cimenterie gérée par une coopérative ouvrière. "Je suis un résistant pour ne pas laisser gagner ceux qui exploitent les autres et versent le sang pour faire du fric", confie un ouvrier au micro de France 3. Cosa Nostra tente encore de racheter l'usine et de corrompre les nouveaux patrons, représentants de l'État. Une association les aide à résister.
La mafia est partout : dans le bâtiment, l'agriculture, mais aussi dans la santé. Le propriétaire mafieux d'une clinique faisait payer dix fois plus cher les radios remboursées par la collectivité. Il gérait l'établissement au nom du parrain de la région. Tous sont aujourd'hui en prison. Pour vaincre la mafia qui recycle son argent sale partout en Europe, l'Italie a besoin d'aide. A Beausoleil, près de Monaco, une maison a été vendue par l'État français en mai dernier, neuf ans après la demande de confiscation de la justice italienne. Une longue bataille judiciaire. "C'est une guerre", lance Charles Duchaine, le directeur de l'agence des avoirs saisis en France.
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