L'Italie étend un programme visant à retirer leurs enfants aux mafieux, pour leur éviter de tomber dans le crime organisé
"Un moment historique dans la lutte contre la mafia", selon le ministre de la Justice italien. L'Italie a annoncé, mardi 26 mars, étendre à la Sicile et à la région de Naples un programme qui vise à empêcher les enfants à risque de suivre les traces de leurs parents mafieux, en les retirant à leurs familles.
Le programme "Liberi di scegliere" ("Libre de choisir") a été fondé par le juge pour enfants Roberto Di Bella en Calabre, la pointe de la botte italienne où est basée l'organisation criminelle la plus puissante de la péninsule, la 'Ndrangheta. Il sera désormais étendu aux deux autres grands bastions du crime organisé du pays : la Sicile, siège de Cosa Nostra, et la Campanie, région dont Naples est la capitale, où sévit la Camorra.
Quelque 150 enfants placés dans des lieux secrets
Créé en 2012, ce programme a pour objectif de briser le cycle dans lequel le pouvoir se transmet de génération en génération par les liens du sang. "A 8 ans, on apprend aux enfants à tirer. A 8 ans, ils vendent du crack", a rappelé Chiara Colosimo, la présidente de la commission antimafia au Parlement. Roberto Di Bella a déclaré avoir vu des cas d'enfants forcés d'assassiner leur mère pour défendre l'honneur de la famille, mais il s'est aussi occupé d'enfants "qui ont encore de la lumière dans les yeux, qui espèrent une vie différente".
Depuis le lancement du programme, quelque 150 enfants ont été placés dans des familles d'accueil ou des communautés situées dans des lieux gardés secrets à travers l'Italie, où ils découvrent la vie hors des clans. Selon Roberto Di Bella, 30 mères ont choisi de suivre leurs enfants et sept d'entre elles sont devenues collaboratrices de la justice. Aujourd'hui juge à Catane (Sicile), il dit avoir reçu des lettres de mafieux emprisonnés le remerciant d'avoir aidé à sauver leurs enfants. "D'importants boss mafieux sont également devenus des collaborateurs de l'Etat pour protéger leurs enfants, y compris l'un d'entre eux qui a déclaré le faire pour ses petits-enfants", a confié le juge à l'AFP.
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