: Vidéo Extradition des exilés politiques italiens : quarante ans de discorde entre la France et l'Italie incarnés par l'affaire Battisti
Le dossier qui revient dans l'actualité en cette fin mars 2022 empoisonne les relations franco-italiennes depuis quarante ans. En se montrant prêt à répondre favorablement aux demandes d'extradition d'anciens membres des Brigades rouges réfugiés en France, Emmanuel Macron tournerait définitivement la page de la "doctrine Mitterrand". Cet extrait d'"Affaires sensibles" revient sur le cas emblématique de Cesare Battisti.
Au cœur de ce nouveau numéro du magazine "Affaires sensibles", la question des exilés politiques italiens, dont la justice française examine actuellement les dossiers en vue d'une extradition. Le documentaire commence par un moment que l'Italie attendait depuis trente-sept ans : l'arrivée sur son sol de Cesare Battisti, ex-militant des PAC (Prolétaires armés pour le communisme), condamné par contumace à la perpétuité pour homicide ou complicité dans quatre meurtres. A lui seul, il incarne quarante ans de discorde entre la France et l'Italie.
"L'affaire Battisti, ça va être sans doute le moment d'acmé des incompréhensions et des malentendus franco-italiens. C'est vraiment le moment maximal. Parce que Battisti est devenu célèbre en France, parce qu'il est célébré en France, et parce que du coup, du côté italien, on en fait aussi un cas emblématique."
Marc Lazar, historien spécialiste de l'Italiedans "Affaires sensibles"
L'Italie s'était toujours montrée choquée du soutien français et de la mobilisation d'intellectuels et de personnalités médiatiques en faveur de Cesare Battisti. Installé en France pendant quinze ans, il y a mené une carrière d'auteur de polars à succès. Ce 14 janvier 2019 représente donc une revanche pour le pays – mais aussi, d'une certaine manière, pour le gouvernement d'extrême droite de Matteo Salvini.
La revanche de l'extrême droite
Encadré par des policiers, Cesare Battisti descend d'un avion en provenance de Bolivie, où il se cachait suite à un acte d'extradition signé par le Brésil juste après l'élection à la tête du pays d'un autre gouvernant d'extrême droite, Jair Bolsonaro.
Pour accueillir celui qu'il considère comme l'ennemi public numéro un, le vice-Premier ministre italien arbore un écusson "Polizia", son garde des Sceaux un blouson de surveillant pénitentiaire. Une mise en scène qui écœure même certaines familles de victimes du terrorisme d'extrême gauche.
"La manière dont Battisti a été accueilli à l'aéroport, la manière dont on l'a exposé comme un trophée, j'ai trouvé ça franchement honteux. On se serait cru au Far-West."
Benedetta Tobagi, fille de Walter Tobagi, un journaliste assassiné en 1980 par un groupuscule d'extrême gauchedans "Affaires sensibles"
Comme le rappelle la suite du documentaire, l'extrême gauche prônant la lutte armée n'est pas seule responsable de la violence des "années de plomb", une période qui s'étend de la fin des années 1960 au début des années 1980. Avec parfois certaines complicités au sein de l'Etat, des groupes d'extrême droite ont commis de nombreux attentats, comme celui de la piazza Fontana à Milan en 1969 (16 morts), ou celui de la gare de Bologne en 1980 (85 morts).
Extrait de "Brigades rouges : la fin de l'exil ?", un document à voir le 28 mars 2022 dans "Affaires sensibles", un magazine présenté par Fabrice Drouelle et coproduit par France Télévisions, France Inter et l’INA d'après l'émission originale de France Inter.
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