Fukushima : le Japon commence à rejeter dans le Pacifique les eaux contaminées, et peine à convaincre que le processus est sans danger
Le rejet des eaux de Fukushima a commencé jeudi 24 août, conformément à la décision du gouvernement. Plus précisément, il s'agit de rejeter dans l'océan Pacifique les eaux contaminées de la centrale nucléaire de Fukushima, accidentée en 2011, après les avoir filtrées pour éliminer la majeure partie des éléments radioactifs. C’est l’opérateur de la centrale Tepco qui est aux commandes.
Dans la centrale, le stress est visiblement présent et les communicants de la compagnie Tepco font leur maximum pour rassurer sur les préparatifs. "Nous avons l’intention de faire tourner le système 24 heures sur 24, en continu, mais si jamais un appareil est en panne ou qu’un problème surgit, nous arrêterons le processus", déclare Junichi Matsumoto, porte-parole de Tepco.
De son côté, le PDG de la compagnie ne s’est pas montré devant les journalistes avant d’être certain que tout s’était bien passé. Il a joué la prudence : "Dans ce long processus de démantèlement, comme jusqu’à présent, nous effectuons les opérations une à une en surveillant les risques encourus".
Près de 7 800 tonnes d'eau rejetées lors de cette première session
Cette première journée inaugure 30 à 40 ans d’un processus qui devra en fait durer tant que de l’eau continuera d’être contaminée, et le volume augmente encore. Il y a actuellement, en tout, plus de 1 200 citernes sur le site, qui prennent trop de place et entravent le démantèlement, selon Tepco. Mais leur nombre ne diminuera que très lentement. Cette première session de rejet durera 17 jours, pour un total de 7 800 tonnes d’eau rejetées.
L'Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) dit que tout est au point, sans danger, le gouvernement aussi, de même que de nombreux experts internationaux. Pourtant, la Chine n’y croit pas et arrête les importations de tous les produits de la mer japonais. À l’intérieur du Japon, de nombreux citoyens sont aussi dubitatifs.
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Malgré ces garanties, beaucoup doutent en effet, parce que le gouvernement et Tepco ont un lourd passif d’informations erronées ou dissimulées. Également parce que les associations citoyennes, les organismes écologistes ou encore des experts indépendants ne sont pas suffisamment en mesure de contrôler les informations. Ils ne sont pas associés à la surveillance et ne font pas confiance aux autorités.
"Ce n’est parce que le processus de rejet a commencé que les discussions s’arrêtent avec les divers interlocuteurs, précise le porte-parole de Tepco. Nous allons continuer de les renforcer". L'AIEA est aussi perçue comme trop proche des autorités japonaises, elle prône depuis des années cette solution du rejet en mer.
Les pêcheurs, eux, sont éventuellement en partie près à admettre que l’opération est bien conduite et que l’impact des radiations est négligeable, mais leur souci est que si les consommateurs n’y croient pas, leur poisson ne se vendra pas et le préjudice sera important. Le gouvernement leur promet des aides, mais ils veulent surtout vivre de leur pêche, pas d’indemnités.
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