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Rejet des eaux de Fukushima : "Les mesures prises par la Chine sont trop sévères", estime un représentant des pêcheurs japonais

Après l'interdiction de l'importation des produits de la mer japonais par la Chine, les pêcheurs nippons redoutent une chute des prix et des conséquences sur le marché asiatique.
Article rédigé par franceinfo - Karyn Nishimura
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Poissons et crustacés de la préfecture de Fuskushima, à Soma au Japon, le 31 août 2023. (PHILIP FONG / AFP)

Les relations sont de plus en plus tendues entre le Japon et la Chine depuis qu'a débuté le rejet dans l'océan Pacifique de l'eau retraitée de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima. La Chine interdit toutes les importations de produits de la mer japonais, ce qui place de nombreuses entreprises nippones dans une situation périlleuse. 

>> Douze ans après l’accident nucléaire de Fukushima, le Japon s'apprête à rejeter des millions de litres d'eau contaminée dans l'océan

Actuellement, il est encore difficile de mesurer les dommages des mesures prises par la Chine mais "si cela dure trop longtemps, il faudrait effectivement que l'État trouve une réponse", explique un responsable d'une coopérative de pêche du département d'Ehime. Il ne s'attendait pas à des mesures de rétorsion chinoises aussi fortes. "J'ai vraiment été surpris. Je pense que les mesures prises par la Chine sont trop sévères."

Chute des prix attendue

Tatsuya Ogihara dirige une PME de conditionnement et ventes de poissons et crustacés à Uwajima, au sud du Japon, loin de Fukushima. "Je n'avais pas du tout prévu cela", confie-t-il. "Je pensais que la Chine renforcerait les contrôles, interdirait certaines provenances régionales, mais bannir intégralement tous les produits de la mer du Japon, je n’y avais pas songé une seconde, poursuit-il. Il y a des raisons politiques que le secteur privé seul ne peut pas régler."

Le manque à gagner concerne de nombreuses régions du Japon, car la Chine et Hong Kong absorbent 42% des exportations de produits marins japonais. "On travaille beaucoup avec la Chine, précise-t-il . "Si on reporte ce volume sur le marché japonais, cela va le déséquilibrer et les prix vont chuter." Même si le gouvernement incite les Japonais à consommer davantage de poissons, se passer des Chinois et trouver d'autres clients pose des difficultés, d'autant que selon lui, des consommateurs d'autres pays d'Asie risquent de se détourner des poissons du Japon. "Les certificats, la qualité, les étiquetages, le conditionnement, tout est différent, donc ça pose plein de problèmes et ce n'est pas simple de solutionner cela rapidement."

"J'étais contre ce rejet en mer. La mer relie les pays, elle appartient à tous, il faut en tenir compte."

Tatsuya Ogihara, patron d'une PME de conditionnement et ventes de poissons et crustacés à Uwajima

à franceinfo

Le gouvernement est lui aussi tiraillé entre des recours forts auprès de l'Organisation mondiale du commerce ou une approche plus diplomatique. Pour le moment, l’exécutif en appelle à la raison en insistant sur les données scientifiques qui selon lui montrent l’absence de danger. Mais l'exécutif japonais semble avoir minimisé le ressentiment de la Chine à son égard.

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