Japon : le retour au nucléaire
Le choc de 2011 succédait à deux autres, tout aussi violents. L’explosion de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi était la conséquence du très violent tremblement de terre qui s’était produit la veille et du tsunami qui en avait résulté. Des murs anti-tsunami de 5 mètres de haut n’avaient pas empêché la submersion des installations, déjà gravement endommagées par le séisme.
A la suite de cette catastrophe nucléaire, les autorités avaient entendu l’émoi national comme l’inquiétude internationale, et pris la décision d’arrêter les 50 réacteurs restants.
Après un premier arrêt complet en mai 2012 , mais qui ne dura en fait que 3 mois, un second fut qualifié de « définitif » le 15 septembre 2013.
Le Japon se trouve alors confronté à la nécessité de remplacer entre un quart et un tiers de sa production énergétique d’origine nucléaire. En attendant la mise en place de sources alternatives d’énergie propre et renouvelable (comme l’éolien ou le solaire), les solutions ne sont pas légions. L’électricité du pays est distribuée par neuf compagnies privées. A défaut de l’atome, elles utilisent des centrales thermiques ou électriques dispersées sur tout le territoire, dont 16 fonctionnent au charbon.
Mais c’est le gaz naturel liquéfié (dont le japon est le premier importateur mondial) qui se substitue à l’uranium pour faire tourner les centrales électriques. Conséquence, les importations du pays en pétrole, charbon, et donc gaz ont considérablement augmenté. Les dépenses ont suivi avec une facture supplémentaire de 28,8 milliards d’euros par rapport à 2010.
En 2011, la balance commerciale du Japon est passée dans le rouge pour la première fois en 31 ans.
Cette demande accrue du gaz par les Japonais inquiète ses voisins, la Corée du sud et Taïwan, qui voient les prix du gaz asiatique s’envoler.
Ce surcoût de la production électrique se répercutera sur les usagers particuliers (+10%) comme sur les entreprises (+17%). Certaines des neuf compagnies d’électricité, en proie a de grosses difficultés économiques, pourraient déposer le bilan. Tepco, l’exploitant de Fukushima a même dû accepter sa prise de contrôle par l’Etat pour survivre. L’ensemble des opérateurs japonais affichaient, fin mars, des pertes combinées équivalentes à 36 milliards d’euros.
Tous s’activent donc pour revenir sur l’arrêt des centrales, se démènent pour remettre le nucléaire à l’ordre du jour. Et finalement y parviennent.
Le nouveau gouvernement conservateur à décidé de revenir au nucléaire pour ne pas obérer une possible reprise économique. Il affirme s’entourer de multiples précautions comme de faire passer un examen complet à chaque centrale pressentie et à chaque réacteur a l'intérieur des centrales. En écartant par ailleurs les sites les plus anciens, abîmés ou obsolètes, le gouvernement rassure, mais procède aussi à un calcul assez simple, le prix des travaux pour les remettre en état de marche est dissuasif.
Les analystes estiment que 14 réacteurs pourraient être remis en service, dont certains en procédure accélérée.
Entre séismes, traumatisme et économie, le Japon a choisi.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.