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Japon: Shinzo Abe, un Premier ministre très nationaliste

Après un premier mandat raté en 2006, Shinzo Abe est revenu en 2012 à la tête du gouvernement japonais. Depuis, il n’a eu de cesse d’affirmer son nationalisme, agaçant ses deux voisins coréens et chinois, et inquiétant son allié américain.
Article rédigé par zhifan Liu
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Shinzo Abe lors d'une visite aux Forces de défense au centre d'entraînement d'Asaka, le 27 octobre 2013. (AFP - Toru Yamanaka)

Shinzo Abe est issu d’une famille historique de la politique nippone, comme il est de coutume au Japon. Son grand-père, Nobusuke Kishi, a été Premier ministre du Japon de 1957 à 1960. Ancien ministre du Développement industriel lors de la Seconde guerre mondiale, ce dernier a été emprisonné pendant trois ans au lendemain de la défaite nippone, soupçonné d’avoir commis des crimes de guerre. Le frère cadet de Shinzo Abe, Nobuo Kishi, est le président du lobby révisionniste Nippon Kaigi. Ce dernier ne compte que 35 000 membres, mais est très implanté dans la vie politique japonaise.
 
De la négation des «femmes de réconfort» au sanctuaire Yasukuni
Depuis qu'il est revenu au pouvoir, Shinzo Abe, leader du Parti libéral démocrate (PLD), applique les théories du Nippon Kaigi, affichant clairement son révisionnisme. Malgré les critiques de l'ancienne Premier ministre sud-coréenne Park Geun-Hye, son gouvernement multiplie les dénégations au sujet des «femmes de réconfort». Ces 200 000 femmes, Coréennes pour la plupart, avaient été enrôlées de force par l’armée japonaise durant le second conflit mondial pour servir de prostituées aux militaires. Les nationalistes arguent aujourd'hui qu’il s'agissait de «professionnelles».


En 2014, un directeur de la télévision publique japonaise NHK affirmait que les massacres de Nankin n’avaient jamais existé. Des affirmations qui n'ont fait l'objet d'aucune condamnation officielle de la part du gouvernement Abe. Pour rappel, en 1937, l’armée japonaise a commis de nombreuses exactions dans la ville chinoise de Nankin. Le bilan serait d’environ 140 000 morts (300 000 clame-t-on du côté de Pékin), dont nombre de civils chinois. Rappellons que depuis 2014, le massacre de Nankin est inscrit au registre de la mémoire du monde de l’Unesco, au grand dam de Tokyo. 
 
Autre affaire qui envenime les relations avec Pékin et Séoul: les visites répétées de Shinzo Abe au sanctuaire Yasukuni. Le monument honore la mémoire des militaires morts pour le Japon. En 1978, les noms de 14 criminels de guerre ont été inscrits sur le monument. Un an après son retour au pouvoir, en 2013, le leader du PLD visite pour la première fois ce sanctuaire, provoquant la colère des Chinois et des Coréens. De leur côté, les Etats-Unis se sont déclarés «déçus que le gouvernement du Japon ait pris cette initiative qui va exacerber les tensions avec (s)es voisins». 

Le Japon «de retour» face à la Chine
Ce nationalisme exacerbé peut s’expliquer par la crainte de la montée en puissance de la Chine. Un archipel de 7km² cristallise toutes les tensions entre les deux pays : les îles Senkaku (Diaoyu en chinois). Situé en mer de Chine, l’archipel est revendiqué par Pékin comme Tokyo, chacun menant des opérations militaires pour intimider l’autre. Résultat, les budgets de défense des deux pays ne cessent d’augmenter. Dans ce contexte, le Premier ministre Abe envisage depuis longtemps une réforme de la Constitution pacifiste du Japon. D'autant que le PLD est sorti renforcé des sénatoriales du 10 juillet 2016. Si les Japonais restent attachés à leur pacifisme, Shinzo Abe a désormais les mains libres pour poursuivre ses ambitions impériales. 

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