L'armée égyptienne a donné dix jours mardi à une commission de juristes pour proposer des amendements à la Constitution
Elle a estimé que de nouvelles grèves seraient désastreuses pour le pays.
Le conseil suprême des forces armées, auquel Hosni Moubarak a confié les rênes du pays en démissionnant vendredi, a suspendu dimanche la Constitution et dissous le Parlement, en promettant des élection sous quelques mois.
La commission de juristes est chargée de proposer des amendements à cinq articles, dont ceux sur les conditions très restrictives de candidature à la présidentielle. Elle doit aussi supprimer l'article 179, qui permet au président d'ordonner que des civils accusés de terrorisme soient traduits devant un tribunal militaire.
Selon l'armée, la commission peut aussi proposer des modifications à d'autres articles si elle le juge nécessaire pour "garantir le caractère démocratique et la transparence des élections présidentielle et législatives".
Par ailleurs, les Frères musulmans, officiellement interdits en Egypte mais tolérés dans les faits, ont annoncé qu'ils comptaient créer un parti politique.
L'armée veut remettre l'Egypte au travail
L'armée a prévenu mardi que de nouvelles grèves seraient "désastreuses" pour l'Egypte. Elle a exhorté les salariés à reprendre le travail, pour ne pas amplifier les conséquences économiques du soulèvement. Les mouvements sociaux qui traversent le pays étaient suspendus mardi, jour férié, mais ils menaçaient de reprendre dans plusieurs secteurs-clés.
Des arrêts de travail ont eu lieu ces derneirs jours dans les transports, les banques, le pétrole, l'industrie textile, dans les médials officiels et certains organismes gouvernementaux. Les salariés réclament des hausses de salaires et de meilleures conditions de travail.
L'Egypte a appelé mardi la communauté internationale à soutenir son économie. Au pic de la révolte, l'économie égyptienne perdait au moins 310 millions de dollars par jour, selon une note du Crédit Agricole.
L'Egypte demande le gel des avoirs de plusieurs responsables égyptiens
Paris a été saisi par les autorités égyptiennes "d'une requête de gel des avoirs d'anciens responsables égyptiens", a déclaré lundi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, M. Bernard Valero qui a précisé que la demande "ne concernait ni l'ancien président Hosni Moubarak ni des membres de sa famille".
La même demande a été faite par le gouvernement égyptien à l'Angleterre, l'Allemagne et aux Etats-Unis. Aucune des capitales n'a détaillé dans l'immédiat le montant des avoirs concernés ni les personnalités visées.
La Suisse a, elle, décidé dès vendredi de geler "avec effet immédiat" les avoirs que pourraient y détenir M. Moubarak et son entourage.
Par ailleurs, l'UE discutera de l'aide aux pays de la rive sud de la Méditerranée. Il faut "voir comment on peut ensemble soutenir ce mouvement démocratique qui est en train de s'installer dans ces pays", a déclaré la ministre française de l'Economie Christine Lagarde.
Rumeurs sur l'état de santé de Moubarak
L'état de santé de l'ex-président Hosni Moubarak déclinerait mais il refuserait d'aller se faire soigner à l'étranger, écrivait mardi le quotidien du Golfe Ach-Charq al-Awsat.
Des sources proches de la famille ont voulu rassurer sur l'état de santé de l'ancien dirigeant. Mais, selon le site internet du journal, qui cite un ancien responsable de la sécurité lié au haut commandement militaire qui assume le pouvoir depuis vendredi, celui-ci tient pour "certain" que l'état de santé de Moubarak "se détériore sévèrement".
"Il a demandé à son entourage de le laisser mourir dans son pays et je crois que c'est juste une question de temps", a déclaré l'ancien responsable cité par le quotidien international panarabe à capitaux saoudiens.
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