L'armée israélienne était en alerte lundi le long de la ligne de cessez-le-feu avec la Syrie sur le plateau du Golan
Des tirs israéliens sur des jeunes Palestiniens et Syriens qui tentaient de franchir la clôture ont fait 23 morts dimanche, selon Damas. Un bilan qu'Israël dément.
Des protestataires qui célébraient l'anniversaire de la Naksa (défaite arabe de 1967) ont tenté de franchir une barrière de barbelés dans la partie occupée du Golan, près de Majdal Chams.
Aucun des centaines de manifestants n'a réussi à franchir la ligne de cessez-le-feu. Alors que Damas annonce 23 morts et 350 blessés, l'armée israélienne affirme n'avoir connaissance que de "dix tués et blessés provoqués par des bombes incendiaires lancées par les émeutiers à Kuneitra".
Dans la soirée, plusieurs centaines de jeunes de Majdal Chams, le chef-lieu des localités druzes du Golan, ont attaqué à coups de pierres les forces israéliennes déployées pour contenir les manifestants massés du côté syrien du plateau.
Les heurts ont éclaté quand des nuages de gaz lacrymogènes tirés en direction de la Syrie se sont répandus dans le bourg de Majdal Chams, selon un photographe de l'AFP.
Du côté syrien de la clôture frontalière, des protestataires sont restés sur place, à l'abri d'un fossé, et ont allumé des feux de camp. Par ailleurs, des jeunes Palestiniens et Syriens ont lancé un sit-in dans la ville de Kuneitra, ville du Golan située dans la zone démilitarisée, vers où affluaient des milliers de personnes, selon la TV syrienne.
Un médecin de Kuneitra, Ali Kanaane, a précisé à l'agence Sana que les tués avaient été "touchés par balles dans la tête et la poitrine".
La manifestation de dimanche marquait le 44e anniversaire de la défaite arabe lors de la Guerre des Six-Jours, à l'issue de laquelle Israël a conquis le Golan, la Cisjordanie et la bande de Gaza.
Ban ki-Moon appelle à la retenue
Le secrétaire général de l'Onu a condamné l'usage de la violence et "appelé toutes les parties à un maximum de retenue et à l'observation stricte des lois humanitaires internationales pour assurer la protection des civils". Les Etats-Unis se sont déclarés "profondément inquiets" et ont appelé au calme.
Le plateau syrien du Golan a été conquis le 9 juin 1967 par Israël, qui l'occupe depuis lors. Il a une importance stratégique pour les deux pays, notamment pour ses ressources en eau.
Un accord en 1974 a créé une zone-tampon démilitarisée, bordée de chaque côté par une zone où les armements sont limités. Une force de l'Onu pour l'observation du désengagement (FNUOD) contrôle le respect de l'accord.
En 1981, Israël a annexé 1200 km2 du plateau, également frontalier du Liban et de la Jordanie. Une annexion qui n'est pas reconnue par la communauté internationale.
Du côté israélien, le plateau surplombe la Galilée et le lac de Tibériade, et du côté syrien il commande la route vers Damas. Le mont Hermon, où l'armée israélienne a installé une station-radar, y culmine à 2.224 mètres.
Lors des guerres israélo-arabes de 1967 et 1973, près de 150.000 habitants ont fui le Golan. Seuls restent aujourd'hui, sous occupation israélienne, environ 18.000 Druzes, dont la presque totalité refusent la carte d'identité israélienne.
Près de 20.000 colons israéliens se sont installés sur le Golan, dans 33 colonies essentiellement agricoles. Le Golan produit 21% du vin d'Israël, 50% de l'eau minérale et 40% de la viande de boeuf.
Des sources majeures sont situées sur le Golan, en particulier celles du Baniyas, qui alimente le Jourdain. Le Hasbani, qui prend sa source au Liban, traverse le Golan avant de se déverser dans le Jourdain, tout comme la rivière Dan.
Lancées dans les années 1990, les négociations israélo-syriennes ont toujours achoppé sur la question du Golan, dont la Syrie réclame la restitution totale jusqu'aux rives du lac de Tibériade, principale réserve d'eau douce d'Israël.
Les dernières négociations de paix entre les deux pays, sous médiation de la Turquie, ont été suspendues fin 2008 à la suite de la violente offensive israélienne à Gaza.
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