L'Elysée a annoncé jeudi la mort d'un nouveau soldat français en Kapisa, au lendemain d'un attentat qui a fait 5 tués
Ce soldat, touché par un tir d'arme légère, participait avec les policiers afghans à une opération de contrôle de zone lorsque son groupe a été pris à partie par des insurgés.
Les soldats tués mercredi protégeaient une assemblée de notables à Joybar, lorsqu'"un terroriste a déclenché sa bombe à proximité" des militaires.
Quatre autres soldats français et trois civils afghans ont été grièvement blessés dans l'explosion qui a eu lieu au lendemain d'une visite de .
Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière contre des soldats français déployés dans ce pays depuis l'embuscade d'Uzbin, le 18 août 2008.
Après le mort de jeudi, le nombre de soldats français tués depuis le début de l'intervention française en Afghanistan fin 2001 se monte désormais à 70.
Deux des cinq soldats tués, ainsi qu'un des blessés, sont des militaires du 1er Régiment de chasseurs parachutistes de Pamiers (Ariège), a annoncé une source militaire. Deux membres de ce régiment ont déjà été tués au moins de juin par les forces insurgées. Le 1er RCP est stationnée en Afghanistan depuis le mois de mai et sa mission doit encore durer quatre mois.
Les députés français ont rendu un hommage aux militaires mercredi en observant une minute de silence.
Nicolas Sarkozy a ramené mardi dans son avion deux soldats français blessés. A l'issue du défilé du 14 juillet, il doit déjeuner à l'Elysée avec des militaires représentant les forces françaises engagées sur des théâtres extérieurs et leurs conjoints.
Le chef de l'Etat déterminé
"Le président de la République présente aux familles et à leurs proches ses plus sincères condoléances et s'associe à leur douleur. Il souhaite aux blessés un prompt rétablissement", a indiqué le communiqué de l'Elysée. "Le chef de l'État exprime la détermination de la France à continuer d'oeuvrer au sein de la Force internationale d'assistance à la sécurité pour rétablir paix et stabilité dans ce pays et contribuer à son développement", conclut le texte.
Le président français a annoncé le retrait d'ici à fin 2012 d'un quart des soldats français - soit 1.000 hommes - déployés en Afghanistan. "Il n'a jamais été question de garder indéfiniment des troupes en Afghanistan. Il faut savoir finir une guerre", a expliqué Nicolas Sarkozy aux soldats français.
Ce retrait se fera "en concertation avec nos alliés et avec les autorités afghanes (...), si la situation le permet", a-t-il ajouté. Le chef de l'Etat a également précisé que l'ensemble des troupes combattantes françaises aurait quitté l'Afghanistan "en 2014".
Le 23 juin, le président Barack Obama avait annoncé le retrait d'un tiers du contingent américain d'Afghanistan d'ici à l'été 2012, soit quelque 33.000 hommes. Les Américains composent plus des deux tiers de l'Isaf. Quelque 4.000 militaires français sont déployés dans le pays, la plupart en Surobi, à Kaboul et dans la province de Kapisa, au nord-est de Kaboul.
Une insurrection mobile
En faisant le point de la situation sur le terrain, le commandant des troupes françaises en Afghanistan, le général Emmanuel Maurin, a expliqué mardi au chef de l'Etat que "l'insurrection (était) mobile, agressive, intelligente, elle recherche le coup d'opportunité contre les forces françaises". Le général a également évoqué "une radicalisation de l'insurrection, qui ne s'est néanmoins pas étendue parmi la population".
Malgré la présence de 130.000 à 140.000 soldats de la force internationale, les talibans n'ont cessé, ces dernières années, d'intensifier leur guérilla et leur insurrection s'est étendue à la quasi-totalité du territoire.
Réactions dans la classe politique française
Le chef d'état-major des armées, l'amiral Edouard Guillaud, a estimé jeudi "possible, sinon probable" que l'attentat-suicide contre les soldats français en Afghanistan ait été commis par des étrangers "non-Afghans", entraînés à l'extérieur du pays. "On n'est pas sûr de l'endroit exact d'où ils viennent", a-t-il déclaré sur Europe 1. "Il est possible, sinon probable, que ce soit ce qu'on appelle là-bas des étrangers (...) entraînés à l'extérieur du territoire, introduits dans le territoire pour faire le maximum de victimes possible, y compris dans la population, comme hier", a-t-il déclaré, précisant que "quand on dit là-bas des Arabes, ce sont en fait des non-Afghans".
François Hollande, candidat à la primaire du PS, a estimé mercredi que l'heure était au "recueillement et à la reconnaissance des sacrifices" de nos soldats "au-delà de tous les clivages politiques". Ce n'est "pas le moment de parler de divergences politiques", c'est le temps de "la solidarité nationale", a-t-il ajouté.
Christian Jacob, président du groupe UMP: "On est en face d'un acte inqualifiable. (...) A la veille du 14 juillet, ce drame prend une ampleur toute particulière. Le Premier ministre a su, avec les mots qui convenaient, rappeler l'hommage et la reconnaissance de la nation. Le calendrier relève de la décision du président de la République, laissons-le décider de l'organisation des choses dans ce cadre-là. Ce n'est pas à l'Assemblée de se prononcer là dessus, ça relève du président et on lui fait toute confiance".
Yves Cochet, président du groupe GDR: "Le président de la République a annoncé un planning de départ mais nous pensons qu'il fallait le faire depuis longtemps et que, malheureusement, les morts risquent de se multiplier. Le plus tôt sera le mieux. On entend parler de 2014, ce qui me semble un peu loin".
Jean-Louis Borloo, président du Parti radical, a déclaré qu'"à la veille de notre fête nationale, cet acte odieux souligne le courage de nos soldats engagés sur de nombreux théâtres d'opération, au service de la paix, de la liberté et de la sécurité des peuples. Leur sacrifice et celui de leur famille n'est pas vain: grâce à son armée, la France reste fidèle à sa tradition humaniste et universaliste ainsi qu'à son message. Lors du traditionnel défilé du 14 juillet, 60 millions de Français auront une pensée particulière pour chacun de ses soldats mort pour eux, et mort pour la France".
Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République: "Ces soldats et leurs camarades auraient dû depuis longtemps être rappelés d'Afghanistan". "La vaillance de l'armée française, le courage, l'abnégation et le professionnalisme de ses troupes, ne sont bien évidemment pas en cause. Mais comment oublier qu'on ne gagne jamais une mauvaise guerre?" Le retrait doit être "accéléré, sans plus s'aligner comme c'est le cas aujourd'hui sur le propre calendrier des Etats-Unis".
Gérard Longuet : "être soldat c'est accepter de risquer sa vie"
Invité du 20h de France 2, le ministre de la Défense, Gérard Longuet, a indiqué qu'un des quatre soldats blessés en Afghanistan était "très abîmé"; "il a eu le bras arraché" et doit être rapatrié en France. "Les trois autres sont sous contrôle", a-t-il .
Il a indiqué que "les agresseurs utilisent désormais l'attentat-suicide". Le ministre de la Défense a affirmé qu"'être soldat est un engagement trés singulier (....) Etre soldat, c'est accepter de risquer sa vie" et "de donner la mort".
"Les soldats engagés en Afghanistan sont tous volontaires", a-t-il ajouté. Il a expliqué que les forces françaises faisaient "partie d'une coalition internationale" et "qu'en 2014 nous allons transférer à l'Etat Afghan" les pouvoirs de police et de l'armée.
La France est sur place "pour permettre l'émergence d'un Etat qui fonctionne", selon un modèle qui tient compte de leurs traditions. "Nous instruisons les Afghans" pour qu'ils prennent "leurs responsabilités", a affirmé Gérard Longuet.
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