La NSA espionne tous les téléphones aux Bahamas
L’archipel des Bahamas, en plus d’être un paradis de plages de sable fin bordées d’une mer turquoise, est surtout un paradis fiscal. Un espionnage de tous ses téléphones serait donc particulièrement malvenu. C’est pourtant ce qu’aurait fait la National Security Agency ( NSA).
D’après des documents communiqués par Edward Snowden au site américain The Intercept , l’agence américaine "capte, enregistre et archive " les communications de n’importe quel téléphone portable du pays. Chaque conversation peut être réécoutée jusqu’à un mois après son enregistrement.
L’agence n’a pas eu l’accord du gouvernement bahaméen mais elle a obtenu l’accès légalement en profitant de sa coopération avec la DEA (l’agence américaine chargée de la lutte contre le trafic de drogues). Nom de cette opération top secrète : SOMALGET.
Contre le trafic de drogue ?
SOMALGET fait partie d’un programme plus large, appelé MYSTIC, utilisé pour espionner le système de télécommunication de tout un pays, comme le Mexique, les Philippines et le Kenya. Mais au Bahamas, la NSA ne se contente pas que des métadonnées téléphoniques, elle enregistre aussi le contenu des conversations. En substance, la NSA récupère les données des portables de plus de 250 millions de personnes.
Pourquoi la NSA a-t-elle tourné ses grandes oreilles du côté de l’archipel ? Pour espionner les richissimes lorsqu’ils sont protégés dans leur villa ? Pour écouter les conversations des cinq millions de Américains qui visitent chaque année le pays, y compris les touristes VIP comme Bill Gates ou Oprah Winfrey ? Les documents de la NSA indiquent que SOMALGET a été déployé dans les Bahamas pour localiser les grands trafiquants de drogues et démanteler les réseaux de trafic d’êtres humains. Un objectif a priori légal mais bien loin des intentions affichées par les services secrets américains. Habituellement, ceux-ci se justifient en brandissant l’argument de la défense de leur sécurité nationale et la lutte contre le terroriste.
Les Etats-Unis risquent gros
A force, en trompant ses alliés, la NSA pourrait mettre en péril la longue tradition de coopération en matière de droit international entretenue par les Etats-Unis. C’est l’avis d’un ancien agent de la FBI, interviewé par The Intercept : "les services du renseignement agissent d’une manière qui peut nuire à long terme à ses intérêts et mettre en péril la sécurité nationale ".
Pourquoi la NSA a-t-elle pris le risque de mettre en place ce programme ? The Intercept avance une hypothèse : pour tester les capacités de l’agence et l’adapter aux conditions du réel. La NSA a refusé de commenter la révélation de ces informations, mais a déclaré dans un communiqué "qu'il est faux de supposer que la NSA collecte arbitrairement des informations". L’agence le répète : elle suit toutes les procédures pour "protéger la vie privée des Américains".
L'article de The Intercept est disponible en intégralité.
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