La rébellion au Congo gagne les portes de Goma
"Nous sommes en panique générale, c'est comme si les
rebelles étaient en train de repousser nos militaires. En ville, les boutiques
sont fermées. Moi, comme d'autres, je vais rejoindre ma famille ",
explique un chauffeur de taxi dans la rue. Comme de nombreux militaires et
civils de la ville, il fuit l'arrivée des rebelles aux portes de la ville de
Goma. En fin de matinée, les hommes du M23 eux-mêmes avaient annoncé qu'ils se
trouvaient à proximité de Goma : "En ce moment, nous sommes à
Kibati, à 5 kilomètres de Goma ", déclarait dans la journée le
lieutenant-colonel Vianney Kazarama, porte-parole militaire de la rébellion. En
affirmant au passage qu'il n'avait pas l'ambition de prendre la ville, tout en
précisant qu'il le ferait si : "l'armée de Kabila" (le
président) les attaquait.
Des colonnes de centaines de déplacés aux portes de Goma
Dans la matinée, un
colonel congolais rapportait que des affrontements se
déroulaient au camp de Kanyarucinya, à une dizaine de kilomètres de Goma, qui
regroupait vendredi 30.000 personnes déplacées : des milliers d'autres
personnes y sont arrivées depuis, dont un grand nombre de femmes et d'enfants.
Fuyant les combats, des colonnes de centaines de déplacés - et des militaires
ayant quitté le front - étaient arrivés aux portes de Goma avec leurs effets
personnels et leurs chèvres, en espérant rejoindre d'autres camps de déplacés.
Le porte-parole de la
province du Nord-Kivu, Célestin Sibomana, très inquiet, a évoqué "une
débandade " et pointé dimanche l'inaction des Casques bleus : s'ils
sont intervenus samedi pour appuyer l'armée régulière congolaise
avec des hélicoptères de combat, les Casques bleus n'auraient en effet pas
bougé pour protéger Goma. Le Conseil de sécurité de l'ONU, réuni samedi soir à
New York, a demandé l'arrêt de l'avance de la rébellion vers Goma, et que
"tout soutien extérieur et toute
fourniture d'équipement au M23 cessent immédiatement ".
Le M23 a
été créé début mai dans le Nord-Kivu (est) par des militaires congolais,
pour la plupart d'ancien combattant de la rébellion pro-rwandaise du Congrès
national pour la défense du peuple : ils ont officiellement intégré l'armée
en 2009 après un accord avec le gouvernement, puis se sont mutinés en avril
dernier, en arguant que Kinshasa n'avait pas respecté ses engagements.
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