La vaccination régresse, des maladies qu’on croyait disparues réapparaissent
Un petit garçon de 6 ans est en train de lutter pour survivre dans un hôpital de Barcelone. A la surprise générale, les médecins ont diagnostiqué la diphtérie, maladie contagieuse grave. Ils ont annoncé, dans le même temps, que l'Espagne n'ayant pas été confrontée à cette maladie depuis 26 ans, elle ne disposait plus de l'antitoxine pouvant la soigner. Les autorités du pays ont donc lancé un appel international pour se procurer le remède au plus vite. C'est la Russie qui y a répondu et a fourni, de quoi contrer la bactérie, par avion via la valise diplomatique.
Depuis le début de l'année 2015, la France compte déjà près de 200 cas de rougeole, dont 150 en Alsace.
Les Etats-Unis, quant à eux, tentent de juguler une épidémie de la même maladie qui n'en finit plus de se répandre. La propagation a commencé dans le parc d'attraction de Disneyland en Californie et elle s'est trouvée favorisée par un taux de vaccination trop faible.
Les bénéfices de la vaccination sont de deux ordres : soit individuel, soit individuel ET collectif. Il est personnel quand il ne fait que prévenir la survenue d’une maladie sans en empêcher la transmission type tétanos ou BCG. En revanche, il existe une protection à la fois individuelle et collective quand le vaccin intervient sur la transmission de la maladie comme la rougeole, la diphtérie, les ménigocoques etc)...
La couverture vaccinale
Si la vaccination concernant une population est élevée, il est moins probable que la maladie se propage au sein de cette population. Certaines personnes ne peuvent pas être vaccinées en raison de leur âge (par exemple les nouveau-nés qui sont trop jeunes) ou d'affections particulières; elles sont donc vulnérables aux maladies infectieuses comme la rougeole et la méningite. Si les gens de leur entourage sont immunisés (et par conséquent ne transmettent pas l'infection aux autres), ces personnes vulnérables sont protégées de façon indirecte. On peut parler ainsi de couverture vaccinale.
Les typologies des parents qui refusent
Il existe différents types d'attitudes parentales qui aboutissent à des refus vaccinaux:
les «écologistes» qui recherchent une médecine alternative,
les «consuméristes» qui revendiquent de choisir librement leur vaccin,
les «empiristes» qui pèsent avec leur médecin le rapport risque-bénéfice
les «dépendantes» qui font entièrement confiance au médecin mais demandent à être rassurées et enfin
les «négligents un peu dépassés par le calendriers vaccinal» qui sont en effet des parents un peu négligents, mais parfois des anti-vaccination qui se dissimulent.
Autres raisons motivant des refus
On peut rajouter qu' (en France) le distinguo entre les vaccinations obligatoires (diphtérie, tétanos et poliomyélite) et les autres vaccinations qui ne sont «que» recommandées est source de confusion. Cela laisse croire aux parents, que les vaccins appartenant à la deuxième catégorie sont secondaires et plus de confort que réellement utiles.
Avec l’avènement d’internet et des réseaux sociaux, toutes les allégations et rumeurs ont un écho et une diffusion, larges et immédiats. Des écoles de pensée, des religions, des philosophies personnelles, peuvent être énoncées. Des informations parfois totalement fausses sont ainsi répandues sans problème, la contradiction arrive souvent trop tard et avec le même crédit que les arguments qu'elle combat.
Des stratégies de laboratoires organisant des pénuries afin de pouvoir imposer des vaccins plus chers que les initiaux et n'apportant pas forcément quelque chose de plus, ont été mise au jour et ont accrédité l'idée que la vaccination n'était qu'une variante de la prévarication.
Quelques accidents de vaccination supposés ou avérés, ont renforcé la défiance. Ainsi la vaccination antivariolique est, de loin, la vaccination qui a entraîné les accidents à court terme les plus graves, en particulier l’encéphalite postvaccinale. L'encéphalite étant une inflammation de l'encéphale pouvant être mortelle, ou laisser de lourdes séquelles.
Une autre source de la crise de la vaccination réside dans la perte de confiance dans les experts. La fiabilité de leur parole est remise en cause. Ils sont soupçonnés de collusion et de conflit d’intérêt avec les laboratoires pharmaceutiques.
Pour finir, la mémoire des maladies est perdue, certaines sont totalement minimisées et la peur qu’elles inspiraient avec. Ainsi, la rougeole a l'image d'une maladie infantile bénigne, alors qu'elle peut dégénérer en encéphalite aux conséquences dramatiques.
Les solutions
Les pays réagissent comme ils peuvent. La France et l'Italie sont les derniers à imposer la triple vaccination des enfants, et y conditionne l'accès aux crèches. L'Australie est en train de réfléchir à supprimer des allocations aux parents refusant toute vaccination. L'Espagne, avec cette réapparition de la diphtérie, se demande comment remonter la couverture vaccinale du pays, qui est dangereusement basse et donc insuffisante.
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