Le ministre des Affaires étrangères a soutenu lundi que "L'Algérie n'est pas la Tunisie, n'est pas l'Egypte"
Interrogé sur Europe 1, Mourad Medelci a cependant précisé que l'état d'urgence, instauré en 1992, serait levé "dans les jours prochains".
Après l'échec de la marche samedi, l'opposition algérienne a annoncé un nouveau rassemblement le 19 février "pour changer de système".
La France souhaite que les manifestations en Algérie puissent se dérouler "librement et sans violence", a indiqué lundi le ministère des Affaires étrangères, alors que l'opposition algérienne a annoncé une nouvelle manifestation samedi prochain.
La CNCD au centre de la contestation
2000 personnes ont tenté samedi de manifester dans la capitale Alger quadrillée par la police. Lancée par la CNCD, leur marche a été très vite bloquée.
La CNCD, qui regroupe des partis d'opposition, des organisations de la société civile et des syndicats non officiels, est née le 21 janvier dans la foulée des émeutes du début de l'année qui ont fait 5 morts, et plus de 800 blessés. Elle exige le changement du système, et dénonce le "vide politique" qui menace la société algérienne "d'éclatement".
D'autres organisations de l'opposition algérienne, dont le parti RCD, ont appelé dimanche à manifester chaque samedi et de tenter de convaincre de plus en plus de monde d'y prendre part. "Nous continuerons de manifester jusqu'à ce que le régime tombe. Chaque samedi, nous maintiendrons la pression", a expliqué Mohsen Belabes, porte-parole du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD).
30.000 policiers mobilisés
Lors de la tentative de marche samedi, le très important dispositif des forces de l'ordre a procédé à des interpellations musclées.
Des échauffourées entre manifestants et forces de l'ordre avaient eu lieu place du 1er mai à Alger avant le début de la marche, interdite par les autorités.
En tout, plus de 300 personnes ont été interpellées samedi au cours de manifestations dans plusieurs villes d'Algérie auxquelles avait appelé l'opposition pour réclamer le départ "du système", a indiqué la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH).
A Alger, les autorités avaient pris des mesures draconiennes avec près de 30.000 policiers déployés dans la capitale sur le parcours des marcheurs, prévu initialement de la place du 1er mai jusqu'à la place des Martyrs, distante d'environ 4 km.
Parmi les manifestants figuraient des responsables de la vie politique et de la société civile mais aussi le co-fondateur du Front islamique du salut (FIS) Ali Belhadj. Dans un communiqué, le ministère de l'Intérieur a annoncé que 14 personnes avaient été brièvement interpellées puis relâchées. Un député du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Othmane Maazouz, a été brièvement retenu ainsi que Fodil Boumala, co-fondateur de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie.
Le président du RCD, Said Sadi, présent dans la manifestation, s'est indigné auprès de l'AFP que "le doyen de la Ligue de défense des droits de l'homme algérien, Ali Yahia Abdelnour, âgé de 90 ans, ait été malmené" par les forces de l'ordre.
Face à eux, une vingtaine de jeunes contre-manifestants criaient leur soutien au président algérien : Abdelaziz "Bouteflika n'est pas Moubarak", en référence à la chute la veille du président égyptien Hosni Moubarak.
A Oran, grande ville de l'ouest algérien, un rassemblement de 400 personnes samedi place du 1er novembre a été de courte durée et s'est achevé par une trentaine d'arrestations. La manifestation avait été interdite par les autorités selon l'opposition, ce que dément le ministère de l'Intérieur samedi.
Le chef local de la CNCD, le professeur d'université Kadour Chouicha, et son fils, ainsi que deux journalistes, Djaafar Bensaleh, du quotidien arabophone El-Khabar, et Kamel Daoud, du Quotidien d'Oran, ont été brièvement interpellés, selon des témoins. De même que deux artistes mimes, entièrement peints en blanc, une croix rouge sur les lèvres.
Une contre-manifestation d'une soixantaine de membres des partis de l'Alliance au pouvoir, le Front de libération nationale (FLN) et le Rassemblement national démocratique (RND), a ensuite occupé tranquillement les lieux pendant une courte durée.
Devant la gare centrale de Tizi Ouzou, la principale ville de Kabylie, une poignée de jeunes gens ont brûlé des pneus.
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