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Le rattachement de la Crimée à la Russie critiqué

Le président russe Vladimir Poutine s'est exprimé ce mardi devant le Parlement russe. Il a annoncé une loi pour que la Crimée rejoigne la Fédération de Russie et signé un traité qui permet le rattachement de la péninsule. Expliquant qu'elle avait été attribuée à l'Ukraine en 1954 sans aucune concertation, il a estimé que la Crimée est toujours restée une "part inaliénable" de la Russie. L'Union Européenne, les Etats-Unis et la France condamnent et annoncent des sanctions. 
Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
  (Alexei Druzhinin Reuters)

En maître du discours politique, Vladimir Poutine a attendu la toute dernière phrase pour livrer l'information la plus attendue. Sous les applaudissements nourris de parlementaires russe debouts, il a annoncé qu'il proposait une loi pour que la Crimée rejoigne la Fédération de Russie. Et de signer, après le discours, le traité qui permet le rattachement de la péninsule. Certains parleront d'une forme d'annexion, le président russe y voit une réunification.

Car pendant près d'une heure, il a développé la vision russe de l'Histoire. Pas seulement celle des évènements de ces dernières semaines, mais celle de la chute de l'URSS, du développement de l'Otan, de la partition du Kosovo, avec même un détours par la réunification allemande.

La Crimée, un "symbole russe"

S'il a pu affirmer à un moment de son discours que la Russie ne "voulait pas la scission de l'Ukraine ", c'est qu'il avait auparavant pris soin d'expliquer qu'en réalité, la Crimée n'en faisait pas partie. "La Crimée a toujours été une partie inaliénable de la Russie dans le coeur des Russes ", a-t-il lancé, ajoutant que Sébastopol était une "ville russe ". Pour le justifier, le président est allé puiser très loin dans l'Histoire et dans le coeur des Russes en faisant référence à la guerre de Crimée, qui a opposé les Russes aux Français, aux Anglais et aux Turcs ottomans : "la Crimée, c'est Balaklava, c'est Kerch, Malakov. Des symboles précieux de la gloire militaire russe et d'un courage sans pair ".

Il est ensuite revenu sur le don de Nikita Khroutchev à l'Ukraine en 1954. Un don inconstitutionnel fait par un Etat totalitaire, sans consultation du peuple, selon lui. Et au-delà des principes, il a surtout souligné qu'à l'époque, "personne ne pouvait imaginer que l'Ukraine et et la Russie ne puissent plus être ensemble ".

Des imposteurs contrôlés par des radicaux : les nouvelles autorités de Kiev selon Poutine

Après avoir, par la grâce de la rhétorique, séparé l'Ukraine et la Russie, Vladimir Poutine s'est appliqué à peindre ses adversaires dans cette affaire sous un jour noir. Les nouvelles autorités ukrainiennes sont qualifiées "d'imposteurs contrôlés par les radicaux ". Il dépeint le pouvoir de Kiev comme un gouvernement aux mains d'un genre de comité révolutionnaire de militants de Maidan. Et il assure que les russophones y sont victimes de discriminations et prévient que les minorités russes doivent être respectées. Il accuse des éléments antisémites et nazis qui manipulent le gouvernement.

Les Occidentaux hypocrites, cyniques et manipulateurs

Le président russe est à peine plus tendre avec les Occidentaux. Tout en appelant au dialogue et en protestant de sa volonté de construire des relations de "bon voisinage civilisé ", il fustige la politique de relations internationales menées par les Américains et les Européens. Pour résumer, elle est hypocrite, cynique et à géométrie variable. Il revient sur la partition du Kosovo, sur le déploiement de l'Otan à l'est en dépit des promesses, sur la réunification allemande et même sur l'affaire de Libye. Il en profite pour avertir que l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan serait un quasus belli .

Il s'élève aussi contre les sanctions internationales décidées contre la Russie qu'il qualifie d'"agressives ", alors, plaide-t-il, que la Russie fait preuve de modération en n'utilisant pas la force militaire contre l'Ukraine, comme elle s'y estime autorisée. Autorisation qu'elle s'est donnée à elle-même via son Parlement, celui qui est appelé à se prononcer sur le retour de la Crimée dans le giron russe.

L'Union Européenne et les USA condamnent 

En réaction à ces annonces de Vladimir Poutine, François Hollande a indiqué que la France ne "reconnaît ni les résultats du référendum, ni le rattachement de cette région d'Ukraine à la Russie." Le Royaume-Uni, lui, a suspendu toute coopération militaire avec la Russie. Joe Biden, le vice-président des Etats-Unis a condamné l'attitude russe parlant de "confiscation de territoire". Et le bras droit de Barack Obama d'annoncer des sanctions futures des Etats-Unis et de l'Union Européenne. De son côté, le ministre ukrainien des affaires étrangères, Evhen Perebynis a critique l'accord sur l'entrée de la Crimée dans la Fédération de Russie. Selon lui, "le discours afférent du président russe n'a rien en commun avec le droit, la démocratie."

 

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