Manifestations en Thaïlande : des ministères assiégés
Que se passe-t-il en Thaïlande ? Lundi soir, la Première ministre Yingluck Shinawatra a décidé de renforcer la présence policière à Bangkok, avec l'extension d'une loi de sécurité spéciale qui permet d'imposer un couvre-feu et d'interdire les rassemblements.
Ceux-ci se multiplient depuis quelques jours. La colère de l'opposition date déjà du mois d'octobre, mais elle ne cesse de s'accentuer. Au départ, elle a été déclenchée par une loi d'amnistie dont aurait pu bénéficier Thaksin Shinawatra, frère de l'actuelle chef du gouvernement et lui-même ancien Premier ministre, en exil à Dubaï après une condamnation en 2008 pour corruption.
Les ministères encerclés
Et si le texte a récemment été rejeté par le Sénat, cela n'a pas apaisé les manifestants. L'annonce de ces manifestations, qui durent désormais depuis plusieurs jours, avait ainsi conduit le gouvernement à prendre des mesures de sécurité dans trois districts de la capitale. Dispositif désormais étendu à toute la ville.
D'autant que les manifestants ne se contentent pas de manifester : depuis plusieurs jours, ils occupent des bâtiments publics ou bloquent leurs accès. Lundi, les manifestants ont occupé le ministère des Finances et se sont installés dans l'enceinte de celui des Affaires étrangères.
Au ministère des Finances, des manifestants ont passé la nuit dans la cour, dormant sur des matelas penumatiques.
La fin du système "Thaksin"
Le mouvement est considéré comme le plus important depuis la crise du printemps 2010. A l'époque, 100.000 "chemises rouges" fidèles à Thaksin Shinawatra avaient alors occupé le centre de Bangkok pendant deux mois pour réclamer la démission du gouvernement de l'époque dirigé par le chef du Parti démocrate Abhisit Vejjajiva.
Un an après, le parti Yingluck Sinawatra, la soeur de Thaksin, remportait largement les élections. Mais les manifestants lui reprochent de n'être que le pantin de son frère, ancien Premier ministre et renversé par un coup d'Etat en 2006.
Son parti, le Puea Thai, est en mauvaise posture, et ce depuis plusieurs mois, après l'échec de deux réformes politiques, retoquées par le Sénat. Même si pour l'instant, Yingluck Shinawatra a exclu de quitter son poste de Première ministre.
D'autant que la presse thaïlandaise, généralement hostile au gouvernement, a cette fois-ci exprimé ses réserves quant à la tournure prise par le mouvement populaire. Elle a qualifié ces actes "d'illégaux " et "d'anti-démocratiques ".
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