Menaces terroristes à l'étranger : les entreprises françaises redoublent de vigilance
Maghreb, Sahel, Moyen-Orient... Le quai d'Orsay a listé une quarantaine de pays sensibles face à la menace terroriste du groupe Daech. Depuis l’assassinat d’Hervé Gourdel, les Français expatriés dans ces zones doivent redoubler d’attention et de précautions, tout comme un bon nombre d’entreprises, françaises elles-aussi, qui les emploient parfois.
Tout le monde préfère jouer la discrétion. Contacté par France Info, Franck a, lui, accepté de parler. Il a installé sa PME de génie civil il y a 25 ans au Moyen Orient, et ses principaux bureaux sont à Istanbul. Cette semaine, il explique s’être adressé à ses ingénieurs français sans détour. “Je leur ai demandé de ne pas avoir de vêtements qui rappellent qu’ils sont Français. Pas de t-shirts du PSG ou Vive Paris. Je leur ai aussi demandé d’être très prudents dans leurs immeubles ”, explique-t-il.
“On nous a transféré un message du consulat. Il faut éviter les lieux de rassemblement, faire attention près des écoles. On va faire un peu plus attention, éviter le sud du Maroc par exemple, ou les autres zones où il y a un peu plus de turbulences ”, explique Charlotte.
Pour protéger leurs employés, certaines sociétés françaises, notamment les grands groupes, vont jusqu'à employer des professionnels chevronnés de la sécurité. Ils sont là pour gérer cette situation de crise. C’est la cas, par exemple, de Veolia, qui s'offre les services de Jean-Louis Fiamenghi, ancien directeur de cabinet du préfet de police de Paris. Le groupe Accor, lui, vient tout juste de recruter Christian Flaesch, l'ex-patron de la police judiciaire de Paris.
Des groupes privés de sécurité
Souvent les entreprises ont aussi des contrats avec des groupes privés de sécurité. Gallice est un de ces groupes. Il travaille pour une quinzaine de sociétés du CAC 40 dans presque tous les pays de la liste que vient d'établir le quai d'Orsay. Gilles Sacaze, le patron de Gallice explique qu’on lui demande “de prendre en charge la sécurité des déplacements des salariés, de durcir la sécurité des villas des expatriés. Ça peut être aussi de la protection rapprochée, de l’évacuation de famille ”.
Mais si la situation est à ce point risquée, pourquoi ne pas simplement évacuer tous les expatriés ? Pour certaines zones très à risques, c’est déjà le cas, comme en Libye. Même Total, très présent dans le pays, n’a plus aucun salarié français sur place. Autre exemple : Bagdad où les expatriés français ne sont plus que cinq aujourd’hui.
Ne pas céder à la panique
Mais pour les zones jugées moins risquées, comme les villes du Maghreb par exemple, les spécialistes appellent à ne pas céder à la panique. Pas d'évacuation à tout prix, pas de “bunkerisation” non plus des équipes françaises. C’est jugé contre-productif et intenable. L'idée est de composer avec les risques, et surtout de tout faire pour les minimiser, en connaissance de cause.
Alain Juillet préside le club des directeurs de sécurité des grandes entreprises françaises. Il explique que depuis l’attentat de Karachi, “les présidents de sociétés françaises sont responsables pénalement de la sécurité de leurs salariés et de leurs familles à l’étranger". "Tout cela à un coût pour l’entreprise, qui augemente considérablement le coût d’une usine ou d’un site ”.
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