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Moralisation de la vie publique : le modèle américain

Pour éviter les conflits d'intérêts et autres casseroles patrimoniales des ministres, les Américains ont opté pour un maximum de transparence. Afin de garantir au président un entourage irréprochable, les candidats au gouvernement doivent se soumettre à une véritable inquisition. Explication de texte avec la correspondante de France Info à Washington, Fabienne Sintes.
Article rédigé par Fabienne Sintes
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Franceinfo (Franceinfo)

"Aux Etats-Unis on ne veut
prendre aucun risque
", explique Fabienne Sintes. "Surtout pour éviter
que l'onde de choc d'un scandale ne rejaillisse sur le grand patron
". Pour
rentrer dans l'administration, il faut donc tout mettre sur la table : "Pas
simplement ce que vous avez fait pendant votre carrière, mais tout ce que vous êtes
",
précise-t-elle.

Ce procédé porte un nom : le "vetting
process
", du verbe "to vet ", "passer au crible " en français. Cela consiste en
un épluchage systématique des déclarations d'impôts du candidat jusque dix ans
en arrière, une vérification des postes où il a travaillé et avec qui. "On
vous cherche des poux dans la tête pour éviter que quelqu'un d'autre le fasse
et risque de vous faire chuter et d'entraîner le président
", souligne la
correspondante de France Info à Washington, rappelant qu'en 2008, il fallait répondre à... 63 questions !

Et cette véritable inquisition va
bien au-delà des comptes : on vous demande si vous avez fumé du cannabis quand
et combien de fois, quels étaient vos amis à la fac, si vous avez vu un psy. Et
votre famille n'est pas épargnée puisqu'elle doit aussi justifier de son comportement,
son travail, son patrimoine...

"Aux USA, si vous voulez une haute fonction, vous ne vous appartenez plus" (Fabienne Sintes)

Toute cette enquête, payée par les
frais de campagne est synthétisé dans un dossier qui passe par le FBI et par le
bureau d'éthique lequel traque les conflits d'intérêts. Last but not the least,
la candidature est passée au crible par une commission du Sénat. "Aux Etats-Unis
si vous voulez une haute fonction, vous ne vous appartenez plus
", conclut
Fabienne Sintes.

Les scandales pour évasion fiscale
sont donc très rares. Les gens sont écartés bien avant car jugés trop
dangereux. Exemple : Tom Daschle était l'un des proches conseillers de Barack
Obama durant sa première campagne. Le 19 novembre
2008, il
accepte le poste de secrétaire à la Santé et aux services sociaux des États-Unis
proposé par le président-élu Barack Obama. Mais suite à la révélation de problèmes
fiscaux passés et avant de passer les auditions au Sénat pour être confirmé à ce
poste, il renonce à cette fonction. Quant au ministre des Finances de
l'administration Obama entre 2009 et
2013, Timothy Geithner, il avait dû payer ses impôts en catastrophe...

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